Actualités de l'Urgence - APM

21/05 2024
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URGENCES: LES PÉRIODES DE VULNÉRABILITÉ ORGANISATIONNELLE PROPICES AUX ÉVÉNEMENTS INDÉSIRABLES (CORRECTION)

(Bien lire qu'au onzième paragraphe que les critères qualifiant les situations de vulnérabilité peuvent se cumuler)

PARIS, 21 mai 2024 (APMnews) - Les périodes de vulnérabilité de l'organisation des soins, comme la nuit ou le weekend, sont plus propices à la survenue d'événements indésirables graves associés aux soins (EIGS) au sein des services, selon un rapport mis en ligne mi-mai par la Haute autorité de santé (HAS).

La HAS a publié pour la première fois un rapport analysant les déclarations de la base nationale des événements indésirables graves associés aux soins (EIGS) en lien avec les services des urgences.

Ce rapport s'inscrit dans un contexte où "le fonctionnement des services des urgences fait l'objet de tensions en France […] liées, entre autres, à des difficultés en ressources humaines, à l'augmentation continue du nombre de passages aux urgences, parfois pour des situations ne le justifiant pas, et à des afflux périodiques importants de patients, surtout en période hivernale lors d'épidémies virales".

Cette analyse a été réalisée à partir de 195 déclarations retenues, sur 269 déclarations d'EIGS dans des services d'urgence reçues par la HAS, entre le 1er janvier 2022 et le 31 mars 2023.

Parmi les 195 déclarations retenues par la HAS sur cette période, 90 EIGS sont survenus entre 2017 et 2021, 104 en 2022 et 1 sur la période hivernale 2023.

Bien que la déclaration des EIGS soit obligatoire, la HAS précise que les données compilées dans ce rapport "ne présentent pas de valeur épidémiologique ou statistique" en raison de la sous-déclaration des EIGS.

La très grande majorité des EIGS analysés concernent des adultes de plus de 20 ans, dont 30% ont entre 60 et 80 ans, et 26% entre 80 et 100 ans.

Dans près de 60% des cas (112 des 189 déclarations pour lesquelles l'information était renseignée), la situation clinique des patients "a été jugée complexe" avant la survenue de l'EIGS.

79% des EIGS survenus lors de prises en charge urgentes

"Dans la très grande majorité des déclarations (79%), les EIGS sont survenus au cours d'une prise en charge urgente, que l'urgence soit immédiate (82 cas/190, 43%) ou relative (68 cas/190, 36%)", a développé la HAS.

La survenue d'EIGS a été plus rare pour les urgences différées (30 cas/190, 16%) ou les prises en charge non urgentes (10 cas/195, 5%).

L'analyse de ces EIGS aux urgences fait apparaître qu'ils surviennent plus fréquemment lors de périodes "où l'organisation des soins est vulnérable":

  • 44% des événements se sont déroulés pendant la nuit (85 cas/195)
  • 24% pendant le week-end (46 cas/195)
  • 14% pendant l'heure du changement d'équipe (27 cas/195).

La première conséquence d'un EIGS est le décès du patient (68% des déclarations, 133 cas/195), après quoi viennent ensuite une mise en jeu du pronostic vital (22%) et un probable déficit fonctionnel permanent (10%).

Les déclarants ont par ailleurs estimé que les EIGS étaient en grande majorité (63%) "évitables" ou "probablement évitables".

Parmi les 123 EIGS considérés comme "évitables" ou "probablement évitables", 72 ont entraîné un décès (59%), 32 une mise en jeu du pronostic vital (26%) et 19 un probable déficit fonctionnel permanent (15%).

Huit causes immédiates des EIGS aux urgences ont été identifiés par les déclarants.
Huit causes immédiates des EIGS aux urgences ont été identifiés par les déclarants.


Huit causes immédiates des EIGS aux urgences ont été identifiés par les déclarants.

Huit causes immédiates des EIGS aux urgences ont été identifiés par les déclarants.

Les "causes immédiates" des EIGS le plus souvent citées sont "les erreurs liées aux soins ou à l'organisation des soins", puis "les erreurs en lien avec la clinique et le diagnostic" et "les actions du patient contre lui-même" (suicides, tentatives de suicide, sorties à l'insu du service).

Les "erreurs liées aux soins ou à l'organisation des soins" (hors obstétrique, 51 cas/159) concernent surtout des défauts de surveillance ou des retards de prise en charge.

La principale cause des "erreurs en lien avec la clinique et le diagnostic" (43 cas/159) est liée à la stratégie thérapeutique globale ou à l'interprétation des données du tableau clinique et des examens complémentaires.

"Causes immédiates" et "causes profondes"

Une conjugaison de "causes profondes" est également évoquée par la HAS dans la survenue des EIGS.

Ces causes profondes peuvent être rattachées "à des facteurs liés aux patients (159/195), à l'environnement de travail (144/195), aux tâches à accomplir (141/195), ou encore à l'équipe (134/195)".

"L'analyse des déclarations d'EIGS en lien avec les services des urgences montre que dans la majorité des cas (178/195, 91%) au moins deux catégories de causes profondes étaient mentionnées par les déclarants", fait remarquer la HAS.

Seules sept déclarations ne font état d'aucune cause profonde identifiée et 10 déclarations (5%) n'en mentionnent qu'une seule.

Les équipes soignantes identifient plusieurs "mesures barrières" pour répondre à ces causes profondes et immédiates dans la survenue d'EIGS (physiques, organisationnelles, humaines, administratives…).

De son côté, la HAS a formulé huit recommandations pour éviter la survenue d'EIGS aux urgences à la lumière de ces travaux:

poursuivre la fluidification du parcours de soins des patients avant, pendant et après leur prise en charge par les services des urgences

assurer la sécurité des patients lors d'hébergements inadaptés

mieux former les professionnels aux spécificités des services des urgences (compétences techniques) et aux compétences non techniques, en particulier au travail en équipe

renforcer le partage des informations nécessaires à la bonne prise en charge du patient tout au long de son parcours

sensibiliser davantage les professionnels aux risques d'erreurs diagnostiques (diagnostic retardé, erroné ou manqué) et mettre en place des outils d'aide au diagnostic pour les situations les plus à risque

accentuer la sécurisation de la prise en charge médicamenteuse et de l'utilisation des dispositifs médicaux.

mieux prévenir les actions du patient contre lui-même (tentatives de suicide, suicides, sorties à l'insu du service).

renforcer l'implication de la gouvernance et des chefs de service dans le fonctionnement et l'organisation des services des urgences.

Evènements indésirables graves associés aux soins (EIGS) en lien avec les services des urgences: une analyse des déclarations faites par les professionnels et les établissements de santé (HAS)

gl/ab/APMnews

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(Bien lire qu'au onzième paragraphe que les critères qualifiant les situations de vulnérabilité peuvent se cumuler)

PARIS, 21 mai 2024 (APMnews) - Les périodes de vulnérabilité de l'organisation des soins, comme la nuit ou le weekend, sont plus propices à la survenue d'événements indésirables graves associés aux soins (EIGS) au sein des services, selon un rapport mis en ligne mi-mai par la Haute autorité de santé (HAS).

La HAS a publié pour la première fois un rapport analysant les déclarations de la base nationale des événements indésirables graves associés aux soins (EIGS) en lien avec les services des urgences.

Ce rapport s'inscrit dans un contexte où "le fonctionnement des services des urgences fait l'objet de tensions en France […] liées, entre autres, à des difficultés en ressources humaines, à l'augmentation continue du nombre de passages aux urgences, parfois pour des situations ne le justifiant pas, et à des afflux périodiques importants de patients, surtout en période hivernale lors d'épidémies virales".

Cette analyse a été réalisée à partir de 195 déclarations retenues, sur 269 déclarations d'EIGS dans des services d'urgence reçues par la HAS, entre le 1er janvier 2022 et le 31 mars 2023.

Parmi les 195 déclarations retenues par la HAS sur cette période, 90 EIGS sont survenus entre 2017 et 2021, 104 en 2022 et 1 sur la période hivernale 2023.

Bien que la déclaration des EIGS soit obligatoire, la HAS précise que les données compilées dans ce rapport "ne présentent pas de valeur épidémiologique ou statistique" en raison de la sous-déclaration des EIGS.

La très grande majorité des EIGS analysés concernent des adultes de plus de 20 ans, dont 30% ont entre 60 et 80 ans, et 26% entre 80 et 100 ans.

Dans près de 60% des cas (112 des 189 déclarations pour lesquelles l'information était renseignée), la situation clinique des patients "a été jugée complexe" avant la survenue de l'EIGS.

79% des EIGS survenus lors de prises en charge urgentes

"Dans la très grande majorité des déclarations (79%), les EIGS sont survenus au cours d'une prise en charge urgente, que l'urgence soit immédiate (82 cas/190, 43%) ou relative (68 cas/190, 36%)", a développé la HAS.

La survenue d'EIGS a été plus rare pour les urgences différées (30 cas/190, 16%) ou les prises en charge non urgentes (10 cas/195, 5%).

L'analyse de ces EIGS aux urgences fait apparaître qu'ils surviennent plus fréquemment lors de périodes "où l'organisation des soins est vulnérable":

  • 44% des événements se sont déroulés pendant la nuit (85 cas/195)
  • 24% pendant le week-end (46 cas/195)
  • 14% pendant l'heure du changement d'équipe (27 cas/195).

La première conséquence d'un EIGS est le décès du patient (68% des déclarations, 133 cas/195), après quoi viennent ensuite une mise en jeu du pronostic vital (22%) et un probable déficit fonctionnel permanent (10%).

Les déclarants ont par ailleurs estimé que les EIGS étaient en grande majorité (63%) "évitables" ou "probablement évitables".

Parmi les 123 EIGS considérés comme "évitables" ou "probablement évitables", 72 ont entraîné un décès (59%), 32 une mise en jeu du pronostic vital (26%) et 19 un probable déficit fonctionnel permanent (15%).

Huit causes immédiates des EIGS aux urgences ont été identifiés par les déclarants.
Huit causes immédiates des EIGS aux urgences ont été identifiés par les déclarants.


Huit causes immédiates des EIGS aux urgences ont été identifiés par les déclarants.

Huit causes immédiates des EIGS aux urgences ont été identifiés par les déclarants.

Les "causes immédiates" des EIGS le plus souvent citées sont "les erreurs liées aux soins ou à l'organisation des soins", puis "les erreurs en lien avec la clinique et le diagnostic" et "les actions du patient contre lui-même" (suicides, tentatives de suicide, sorties à l'insu du service).

Les "erreurs liées aux soins ou à l'organisation des soins" (hors obstétrique, 51 cas/159) concernent surtout des défauts de surveillance ou des retards de prise en charge.

La principale cause des "erreurs en lien avec la clinique et le diagnostic" (43 cas/159) est liée à la stratégie thérapeutique globale ou à l'interprétation des données du tableau clinique et des examens complémentaires.

"Causes immédiates" et "causes profondes"

Une conjugaison de "causes profondes" est également évoquée par la HAS dans la survenue des EIGS.

Ces causes profondes peuvent être rattachées "à des facteurs liés aux patients (159/195), à l'environnement de travail (144/195), aux tâches à accomplir (141/195), ou encore à l'équipe (134/195)".

"L'analyse des déclarations d'EIGS en lien avec les services des urgences montre que dans la majorité des cas (178/195, 91%) au moins deux catégories de causes profondes étaient mentionnées par les déclarants", fait remarquer la HAS.

Seules sept déclarations ne font état d'aucune cause profonde identifiée et 10 déclarations (5%) n'en mentionnent qu'une seule.

Les équipes soignantes identifient plusieurs "mesures barrières" pour répondre à ces causes profondes et immédiates dans la survenue d'EIGS (physiques, organisationnelles, humaines, administratives…).

De son côté, la HAS a formulé huit recommandations pour éviter la survenue d'EIGS aux urgences à la lumière de ces travaux:

poursuivre la fluidification du parcours de soins des patients avant, pendant et après leur prise en charge par les services des urgences

assurer la sécurité des patients lors d'hébergements inadaptés

mieux former les professionnels aux spécificités des services des urgences (compétences techniques) et aux compétences non techniques, en particulier au travail en équipe

renforcer le partage des informations nécessaires à la bonne prise en charge du patient tout au long de son parcours

sensibiliser davantage les professionnels aux risques d'erreurs diagnostiques (diagnostic retardé, erroné ou manqué) et mettre en place des outils d'aide au diagnostic pour les situations les plus à risque

accentuer la sécurisation de la prise en charge médicamenteuse et de l'utilisation des dispositifs médicaux.

mieux prévenir les actions du patient contre lui-même (tentatives de suicide, suicides, sorties à l'insu du service).

renforcer l'implication de la gouvernance et des chefs de service dans le fonctionnement et l'organisation des services des urgences.

Evènements indésirables graves associés aux soins (EIGS) en lien avec les services des urgences: une analyse des déclarations faites par les professionnels et les établissements de santé (HAS)

gl/ab/APMnews

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