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10/06 2022
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URGENCES: LES TEMPS D'ATTENTE POINTÉS PAR L'OBSERVATOIRE FRANCILIEN DES SOINS NON PROGRAMMÉS

PARIS, 10 juin 2022 (APMnews) - L'observatoire régional des soins non programmés d'Ile-de-France livre dans son rapport 2021 sur l'activité des urgences plusieurs constats, dont les temps d'attente "trop longs" et un taux de 20% de patients "qui ne devraient pas arriver" dans ces services, a commenté jeudi Mathias Wargon, son président, auprès d'APMnews.

L'Ile-de-France est la plus grande région sur le plan des visites aux urgences avec plus de 4 millions de passages annuels, est-il rappelé dans ce rapport, dont les données sont issues des résumés de passages aux urgences (RPU) transmis chaque jour au Sesan, le groupement régional d'appui au développement de l'e-santé (Grades) d'Ile-de-France.

Elles ont été analysées avec le collège des urgences de l'observatoire, dont les membres "représentent la diversité des exercices et des appartenances institutionnelles", précisent les auteurs en préambule. Les travaux sont réalisés avec le soutien financier de l'agence régionale de santé (ARS).

L'Ile-de-France compte 120 services des urgences, dont 85 publics, 7 au sein d'établissements de santé privés d'intérêt collectif (Espic) et 28 privés, recense l'observatoire. Parmi eux, 39 sont des services des urgences adultes, 33 sont pédiatriques et 48 sont mixtes.

Ce rapport annuel de l'activité des urgences de l'observatoire, qui a été créé il y a deux ans (cf dépêche du 21/01/2020 à 18:50), montre en 2021 "une reprise d'activité avec un volume remonté quasiment à la normale", après une baisse en raison de la crise Covid en 2020, a commenté Mathias Wargon, président de l'observatoire et chef du service des urgences adultes-Smur au centre hospitalier de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), interrogé par APMnews.

En 2021, les services dont les données ont été traitées (transmises par 103 établissements, dont 87 sur 12 mois) ont enregistré près de 3,7 millions de passages (3,1 millions en 2020), dont près de 2,8 millions dans le public.

L'activité pédiatrique "est essentiellement centrée sur les hôpitaux publics, et les Espic prennent en charge un peu plus de personnes âgées que les autres modèles d'hôpitaux", constate l'observatoire. Ainsi, 6,7% des patients accueillis dans les services des urgences des Espic ont 85 ans ou plus, contre 4,5% dans le public et 3,7% dans le privé.

Pour les patients âgés de 75 ans et plus, ce pourcentage passe respectivement à 14,4%, 9,9% et 10%. Cette différence semble liée à la localisation des Espic, explique Mathias Wargon.

Le taux d'hospitalisation est de 17,8% pour les adultes et 10,7% aux urgences pédiatriques. Il est de 15,2% dans le public, de 8,8% dans le privé et de 20,9% dans les Espic. Pour les plus de 75 ans, le taux d'admission est de 43,2%.

Les passages sont plus rapides dans le privé -où le pourcentage de passages de moins de quatre heures est de 77,5%- que dans les autres secteurs (57,3% dans les Espic et 56% dans le public).

La médiane de la durée de passage est de 3h25 dans le public et les Espic, et de 2h05 dans le privé.

Les durées plus courtes dans les services d'établissements privés sont liées à plusieurs facteurs, selon Mathias Wargon: "les pathologies moins graves, plus de traumatologie, dont [la prise en charge] va plus vite", et les services "sont probablement mieux organisés, les patients attendent moins de monter dans les étages". Ces services ont également moins de flux, relève-t-il.

Environ 20% de patients "ne devraient pas arriver aux urgences" dans le public

La durée de passage "est globalement identique pour les patients d'âges moyens et plus âgés, qu'ils soient hospitalisés ou qu'ils rentrent à domicile", commente l'observatoire. La durée de passage est "en revanche plus courte pour les patients jeunes lorsqu'ils rentrent à domicile".

Chez l'adulte, "la différence des temps de passage est due aux attentes d'hospitalisation", relève Mathias Wargon. Les personnes âgées passent plus de temps aux urgences, qu'elles soient hospitalisées ou non, car elles nécessitent davantage d'examens complémentaires.

Autre constat: ceux qui arrivent aux urgences à Paris viennent plus souvent qu'ailleurs de départements limitrophes (19%) et de l'ensemble de la région.

Les patients relevant de la classification (CCMU) 1, soit ceux qui ne nécessitent pas d'actes complémentaires ou thérapeutiques, représentent 19% et 21% du total des passages respectivement dans le secteur public et les Espic, et 9% dans le privé, selon les données du rapport. De façon générale, les patients qui relèveraient de la médecine de ville "représentent de l'ordre de 20%", estime Mathias Wargon.

Pour le reste, plus que les CCMU, qui "renvoient à une question de codage", donc de tarification, les modes d'arrivée reflètent la gravité de l'état des patients, explique Mathias Wargon.

Or la plupart des patients arrivent avec un mode de transport personnel (79%), près de 11% avec les pompiers, près de 9% en ambulance. Ces deux derniers modes de recours prédominent dans le public et dans les Espic (près de 13% pour les pompiers et respectivement 10% et 12% pour les ambulances).

Le rapport montre que le nombre de passages nocturnes représente jusqu'à 30% de l'activité. Dans le public, le pourcentage de passages en journée est de 70,3% (72,1% dans les Espic et 79,9% dans le privé). En nuit profonde, il est plus faible dans le privé (7%, contre 11,5% dans les Espic et 12,4% dans le public).

L'observatoire constate "que le mode d'hospitalisation principale est l'UHCD [unité d'hospitalisation de courte durée]" (6,8% des orientations, sur le nombre moyen de passages quotidiens).

Ceci s'explique par le fait que "les patients attendent très longtemps avant d'avoir un lit dans les étages", observe Mathias Wargon. Le taux de "sortie sans soins reste assez élevé et est sûrement dépendant de la tension dans les SU (il peut résulter aussi d'erreurs informatiques)", relève aussi l'observatoire.

De ces données ressortent "les attentes d'hospitalisation et les temps de passage trop longs, et le taux de patients relevant de la CCMU1 -20% dans le public-, qui ne devraient pas arriver jusqu'aux urgences", résume Mathias Wargon.

Le rapport donne à voir "l'activité des urgences, de façon transparente", pour éclairer à la fois les établissements et les pouvoirs publics dans leurs décisions, souligne-t-il.

Il a aussi vocation à livrer des éclairages complémentaires, comme sur la pédiatrie, "parent pauvre des urgences", qui devrait donner lieu à un rapport "à la rentrée".

Après ce rapport annuel sur l'activité des urgences devraient suivre "un rapport sur les Samu, avant la fin de l'année, et un rapport sur les Smur", a précisé Mathias Wargon.

"On travaille également avec les pompiers, qu'il est important d'intégrer dans les soins non programmés, avant de travailler avec les maisons médicales de garde et les autres libéraux" s'agissant des soins non programmés en ambulatoire, a-t-il fait savoir.

Rapport 2021 de l'ORSNP sur l'activité des urgences

mlb/nc/APMnews

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PARIS, 10 juin 2022 (APMnews) - L'observatoire régional des soins non programmés d'Ile-de-France livre dans son rapport 2021 sur l'activité des urgences plusieurs constats, dont les temps d'attente "trop longs" et un taux de 20% de patients "qui ne devraient pas arriver" dans ces services, a commenté jeudi Mathias Wargon, son président, auprès d'APMnews.

L'Ile-de-France est la plus grande région sur le plan des visites aux urgences avec plus de 4 millions de passages annuels, est-il rappelé dans ce rapport, dont les données sont issues des résumés de passages aux urgences (RPU) transmis chaque jour au Sesan, le groupement régional d'appui au développement de l'e-santé (Grades) d'Ile-de-France.

Elles ont été analysées avec le collège des urgences de l'observatoire, dont les membres "représentent la diversité des exercices et des appartenances institutionnelles", précisent les auteurs en préambule. Les travaux sont réalisés avec le soutien financier de l'agence régionale de santé (ARS).

L'Ile-de-France compte 120 services des urgences, dont 85 publics, 7 au sein d'établissements de santé privés d'intérêt collectif (Espic) et 28 privés, recense l'observatoire. Parmi eux, 39 sont des services des urgences adultes, 33 sont pédiatriques et 48 sont mixtes.

Ce rapport annuel de l'activité des urgences de l'observatoire, qui a été créé il y a deux ans (cf dépêche du 21/01/2020 à 18:50), montre en 2021 "une reprise d'activité avec un volume remonté quasiment à la normale", après une baisse en raison de la crise Covid en 2020, a commenté Mathias Wargon, président de l'observatoire et chef du service des urgences adultes-Smur au centre hospitalier de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), interrogé par APMnews.

En 2021, les services dont les données ont été traitées (transmises par 103 établissements, dont 87 sur 12 mois) ont enregistré près de 3,7 millions de passages (3,1 millions en 2020), dont près de 2,8 millions dans le public.

L'activité pédiatrique "est essentiellement centrée sur les hôpitaux publics, et les Espic prennent en charge un peu plus de personnes âgées que les autres modèles d'hôpitaux", constate l'observatoire. Ainsi, 6,7% des patients accueillis dans les services des urgences des Espic ont 85 ans ou plus, contre 4,5% dans le public et 3,7% dans le privé.

Pour les patients âgés de 75 ans et plus, ce pourcentage passe respectivement à 14,4%, 9,9% et 10%. Cette différence semble liée à la localisation des Espic, explique Mathias Wargon.

Le taux d'hospitalisation est de 17,8% pour les adultes et 10,7% aux urgences pédiatriques. Il est de 15,2% dans le public, de 8,8% dans le privé et de 20,9% dans les Espic. Pour les plus de 75 ans, le taux d'admission est de 43,2%.

Les passages sont plus rapides dans le privé -où le pourcentage de passages de moins de quatre heures est de 77,5%- que dans les autres secteurs (57,3% dans les Espic et 56% dans le public).

La médiane de la durée de passage est de 3h25 dans le public et les Espic, et de 2h05 dans le privé.

Les durées plus courtes dans les services d'établissements privés sont liées à plusieurs facteurs, selon Mathias Wargon: "les pathologies moins graves, plus de traumatologie, dont [la prise en charge] va plus vite", et les services "sont probablement mieux organisés, les patients attendent moins de monter dans les étages". Ces services ont également moins de flux, relève-t-il.

Environ 20% de patients "ne devraient pas arriver aux urgences" dans le public

La durée de passage "est globalement identique pour les patients d'âges moyens et plus âgés, qu'ils soient hospitalisés ou qu'ils rentrent à domicile", commente l'observatoire. La durée de passage est "en revanche plus courte pour les patients jeunes lorsqu'ils rentrent à domicile".

Chez l'adulte, "la différence des temps de passage est due aux attentes d'hospitalisation", relève Mathias Wargon. Les personnes âgées passent plus de temps aux urgences, qu'elles soient hospitalisées ou non, car elles nécessitent davantage d'examens complémentaires.

Autre constat: ceux qui arrivent aux urgences à Paris viennent plus souvent qu'ailleurs de départements limitrophes (19%) et de l'ensemble de la région.

Les patients relevant de la classification (CCMU) 1, soit ceux qui ne nécessitent pas d'actes complémentaires ou thérapeutiques, représentent 19% et 21% du total des passages respectivement dans le secteur public et les Espic, et 9% dans le privé, selon les données du rapport. De façon générale, les patients qui relèveraient de la médecine de ville "représentent de l'ordre de 20%", estime Mathias Wargon.

Pour le reste, plus que les CCMU, qui "renvoient à une question de codage", donc de tarification, les modes d'arrivée reflètent la gravité de l'état des patients, explique Mathias Wargon.

Or la plupart des patients arrivent avec un mode de transport personnel (79%), près de 11% avec les pompiers, près de 9% en ambulance. Ces deux derniers modes de recours prédominent dans le public et dans les Espic (près de 13% pour les pompiers et respectivement 10% et 12% pour les ambulances).

Le rapport montre que le nombre de passages nocturnes représente jusqu'à 30% de l'activité. Dans le public, le pourcentage de passages en journée est de 70,3% (72,1% dans les Espic et 79,9% dans le privé). En nuit profonde, il est plus faible dans le privé (7%, contre 11,5% dans les Espic et 12,4% dans le public).

L'observatoire constate "que le mode d'hospitalisation principale est l'UHCD [unité d'hospitalisation de courte durée]" (6,8% des orientations, sur le nombre moyen de passages quotidiens).

Ceci s'explique par le fait que "les patients attendent très longtemps avant d'avoir un lit dans les étages", observe Mathias Wargon. Le taux de "sortie sans soins reste assez élevé et est sûrement dépendant de la tension dans les SU (il peut résulter aussi d'erreurs informatiques)", relève aussi l'observatoire.

De ces données ressortent "les attentes d'hospitalisation et les temps de passage trop longs, et le taux de patients relevant de la CCMU1 -20% dans le public-, qui ne devraient pas arriver jusqu'aux urgences", résume Mathias Wargon.

Le rapport donne à voir "l'activité des urgences, de façon transparente", pour éclairer à la fois les établissements et les pouvoirs publics dans leurs décisions, souligne-t-il.

Il a aussi vocation à livrer des éclairages complémentaires, comme sur la pédiatrie, "parent pauvre des urgences", qui devrait donner lieu à un rapport "à la rentrée".

Après ce rapport annuel sur l'activité des urgences devraient suivre "un rapport sur les Samu, avant la fin de l'année, et un rapport sur les Smur", a précisé Mathias Wargon.

"On travaille également avec les pompiers, qu'il est important d'intégrer dans les soins non programmés, avant de travailler avec les maisons médicales de garde et les autres libéraux" s'agissant des soins non programmés en ambulatoire, a-t-il fait savoir.

Rapport 2021 de l'ORSNP sur l'activité des urgences

mlb/nc/APMnews

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