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22/02 2024
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URGENCES PSYCHIATRIQUES DE TOULOUSE: LE PRIVÉ "PREND TOUTE SA PART", AFFIRME LA FHP

PARIS, 22 février 2024 (APMnews) - "L'hospitalisation privée prend toute sa part" dans le cadre des missions accordées par l'agence régionale de santé, assure le président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), Lamine Gharbi, dans un communiqué diffusé jeudi en réaction aux propos du ministre délégué chargé de la santé et de la prévention, Frédéric Valletoux, mettant en cause la participation des cliniques à la prise en charge psychiatrique en Haute-Garonne, après le suicide d'un patient aux urgences psychiatriques du CHU de Toulouse.

Frédéric Valletoux s'est rendu mardi après-midi au CHU de Toulouse après la survenue de plusieurs incidents graves au sein de l'établissement (cf dépêche du 14/02/2024 à 18:18), dont le suicide d'un patient mercredi 14 février, alors qu'il était accueilli depuis 10 jours dans les locaux des urgences psychiatriques (cf dépêche du 15/02/2024 à 18:32 et dépêche du 19/02/2024 à 19:21).

Lors de cette visite, le ministre a notamment exigé une "participation effective et immédiate" de tous les acteurs "publics comme privés" à la prise en charge des urgences psychiatriques et des soins sans consentement sur le territoire toulousain, menaçant de suspension de certains financements "tout acteur" qui ne prendrait pas pleinement part à l'accueil des patients, et prévenant les cliniques privées que leur "participation effective à la sectorisation conditionnera en septembre prochain l'octroi de futures autorisations de futures activités de psychiatrie et des financements associés" (cf dépêche du 21/02/2024 à 12:11).

Comme l'avait expliqué à APMnews, le 8 février, le directeur de l'hôpital psychiatrique toulousain Gérard-Marchant, Frédéric Artigaut, "75% des lits de psychiatrie en Haute-Garonne sont privés" et seuls trois établissements, le CHU, le CH Gérard-Marchant et en partie la clinique de Beaupuy (Ramsay Santé), sont habilités à accueillir des patients en soins sans consentement. Dans ce cadre, le CH Gérard-Marchant est "très souvent saturé, avec pour effet rebond de générer, malgré [lui], des durées d'hospitalisation indues aux urgences [psychiatriques] du CHU", avait rapporté son directeur (cf dépêche du 12/02/2024 à 18:04).

Des "injonctions contradictoires"

Dans son communiqué, la FHP fait part de l'"incompréhension de l'hospitalisation privée après les propos du nouveau ministre de la santé", notant que "l'Etat continue à refuser de délivrer des autorisations au secteur privé", alors que la fédération "demande continuellement aux agences régionales de santé (ARS), chargées de délivrer ces autorisations, de permettre l'ouverture d'un plus grand nombre de services d'urgence privés".

"En l'occurrence sur Toulouse, dans un contexte où beaucoup de lits ont été fermés dans les hôpitaux publics, les établissements privés ont toujours contribué à la prise en charge des patients qui leur sont adressés par ces derniers dans le cadre des missions qui leur sont reconnues par l'ARS", écrit la FHP.

"Sur la base d'un rapport de l'Observatoire régional de la santé mentale d'avril 2022, l'ARS a pu souligner que la mise en œuvre de la communauté psychiatrique de territoire (CPT) avait permis de construire des coopérations nouvelles entre secteur privé et secteur public", rapporte-t-elle.

"Ainsi, 66% des patients nécessitant une prise en charge en psychiatrie (hors soins sous contrainte) transférés par le CHU de Toulouse en sortie d'urgences le sont vers une clinique de la Haute-Garonne. Sur les soins sous contrainte, non seulement une seule clinique de la Haute-Garonne est autorisée, mais aucune réponse ne lui est apportée quand elle demande à pouvoir étendre son activité pour prendre en charge un plus grand nombre de patients", affirme-t-elle. "Un comble!", s'exclame-t-elle.

"Je tiens à redire que l'hospitalisation privée prend toute sa part, sans aucune sélection de patients. Au-delà, faisons en sorte que les événements dramatiques de Toulouse permettent de refonder notre système de santé sur la base d'une reconnaissance égale de ses acteurs, à égalité de droits et de devoirs, dans un cadre de complémentarité. Il revient à l'Etat d'en être le garant sur les territoires", souligne Lamine Gharbi, cité dans le communiqué.

"La complémentarité public/privé devant être le maître mot de la refondation de notre système de santé, affranchie de toute polémique inutile et stigmatisante, nous demandons au nouveau ministre de mettre enfin en œuvre le service public de santé qui permettrait la coopération de tous sans distinction de statuts. Surtout, nous lui demandons que cessent les injonctions paradoxales alors que nous voudrions pouvoir agir davantage encore au service des patients. Nous assurons les missions pour lesquelles nous sommes autorisés par l'Etat; or certaines d'entre elles nous sont refusées, comme les urgences et les hospitalisations sans consentement. C'est incompréhensible!", insiste la fédération.

Réactions de jeunes médecins et de l'Unafam

Dans un communiqué diffusé mercredi, Jeunes médecins s'étrangle: "Jeter l'opprobre sur le secteur privé ou son manque de coopération avec le secteur public montre malheureusement le peu de considération que M. Valletoux accorde à ce secteur."

"Surtout, Jeunes médecins s'inscrit en faux devant ces accusations", estimant que "ces situations dramatiques sont malheureusement la conséquence de l'insuffisance de moyens pérennes alloués au secteur public et du peu de reconnaissance des praticiens hospitaliers qui œuvrent chaque jour à maintenir un semblant de service public", et "sont dues à l'échec du Ségur et à l'absence d'écoute de la part du ministère de la santé".

Par ailleurs, dans une "lettre ouverte" adressé à Frédéric Valletoux et diffusée jeudi, l'Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam) estime que le "drame" du suicide du patient aux urgences psychiatriques du CHU de Toulouse "qui aurait pu, qui aurait dû être évité, reflète les graves manquements de notre système de santé en psychiatrie".

"Quotidiennement, des situations critiques nous sont partagées par nos adhérents, et plus globalement par les familles ou les proches de personnes concernées par un trouble ou une maladie psychique", alerte l'association.

"Nous ne pouvons que constater que la prise en charge des troubles psychiatriques pâtit d'un manque cruel de moyens et de considération. Les cris d'alerte des patients, des soignants, des familles qui retentissent depuis de trop nombreuses années restent sans réponse", insiste-t-elle.

"Il est temps de passer à l'action", estime l'Unafam, rappelant la demande "que la santé mentale soit une véritable grande cause nationale pour 2025, afin de déployer les moyens nécessaires, humains et financiers, pour faire face à cette situation désastreuse" (cf dépêche du 10/10/2023 à 16:42), et défendant "les centres experts, dédiés au soin et à la recherche pour les maladies psychiques", "les centres de réhabilitation psychosociale [qui] montrent qu'il est possible de refondre l'organisation des soins et de mettre en place un accompagnement global et personnalisé dans un objectif de promotion du rétablissement du patient", et appelant à développer l'aide aux aidants.

vl/ab/APMnews

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PARIS, 22 février 2024 (APMnews) - "L'hospitalisation privée prend toute sa part" dans le cadre des missions accordées par l'agence régionale de santé, assure le président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), Lamine Gharbi, dans un communiqué diffusé jeudi en réaction aux propos du ministre délégué chargé de la santé et de la prévention, Frédéric Valletoux, mettant en cause la participation des cliniques à la prise en charge psychiatrique en Haute-Garonne, après le suicide d'un patient aux urgences psychiatriques du CHU de Toulouse.

Frédéric Valletoux s'est rendu mardi après-midi au CHU de Toulouse après la survenue de plusieurs incidents graves au sein de l'établissement (cf dépêche du 14/02/2024 à 18:18), dont le suicide d'un patient mercredi 14 février, alors qu'il était accueilli depuis 10 jours dans les locaux des urgences psychiatriques (cf dépêche du 15/02/2024 à 18:32 et dépêche du 19/02/2024 à 19:21).

Lors de cette visite, le ministre a notamment exigé une "participation effective et immédiate" de tous les acteurs "publics comme privés" à la prise en charge des urgences psychiatriques et des soins sans consentement sur le territoire toulousain, menaçant de suspension de certains financements "tout acteur" qui ne prendrait pas pleinement part à l'accueil des patients, et prévenant les cliniques privées que leur "participation effective à la sectorisation conditionnera en septembre prochain l'octroi de futures autorisations de futures activités de psychiatrie et des financements associés" (cf dépêche du 21/02/2024 à 12:11).

Comme l'avait expliqué à APMnews, le 8 février, le directeur de l'hôpital psychiatrique toulousain Gérard-Marchant, Frédéric Artigaut, "75% des lits de psychiatrie en Haute-Garonne sont privés" et seuls trois établissements, le CHU, le CH Gérard-Marchant et en partie la clinique de Beaupuy (Ramsay Santé), sont habilités à accueillir des patients en soins sans consentement. Dans ce cadre, le CH Gérard-Marchant est "très souvent saturé, avec pour effet rebond de générer, malgré [lui], des durées d'hospitalisation indues aux urgences [psychiatriques] du CHU", avait rapporté son directeur (cf dépêche du 12/02/2024 à 18:04).

Des "injonctions contradictoires"

Dans son communiqué, la FHP fait part de l'"incompréhension de l'hospitalisation privée après les propos du nouveau ministre de la santé", notant que "l'Etat continue à refuser de délivrer des autorisations au secteur privé", alors que la fédération "demande continuellement aux agences régionales de santé (ARS), chargées de délivrer ces autorisations, de permettre l'ouverture d'un plus grand nombre de services d'urgence privés".

"En l'occurrence sur Toulouse, dans un contexte où beaucoup de lits ont été fermés dans les hôpitaux publics, les établissements privés ont toujours contribué à la prise en charge des patients qui leur sont adressés par ces derniers dans le cadre des missions qui leur sont reconnues par l'ARS", écrit la FHP.

"Sur la base d'un rapport de l'Observatoire régional de la santé mentale d'avril 2022, l'ARS a pu souligner que la mise en œuvre de la communauté psychiatrique de territoire (CPT) avait permis de construire des coopérations nouvelles entre secteur privé et secteur public", rapporte-t-elle.

"Ainsi, 66% des patients nécessitant une prise en charge en psychiatrie (hors soins sous contrainte) transférés par le CHU de Toulouse en sortie d'urgences le sont vers une clinique de la Haute-Garonne. Sur les soins sous contrainte, non seulement une seule clinique de la Haute-Garonne est autorisée, mais aucune réponse ne lui est apportée quand elle demande à pouvoir étendre son activité pour prendre en charge un plus grand nombre de patients", affirme-t-elle. "Un comble!", s'exclame-t-elle.

"Je tiens à redire que l'hospitalisation privée prend toute sa part, sans aucune sélection de patients. Au-delà, faisons en sorte que les événements dramatiques de Toulouse permettent de refonder notre système de santé sur la base d'une reconnaissance égale de ses acteurs, à égalité de droits et de devoirs, dans un cadre de complémentarité. Il revient à l'Etat d'en être le garant sur les territoires", souligne Lamine Gharbi, cité dans le communiqué.

"La complémentarité public/privé devant être le maître mot de la refondation de notre système de santé, affranchie de toute polémique inutile et stigmatisante, nous demandons au nouveau ministre de mettre enfin en œuvre le service public de santé qui permettrait la coopération de tous sans distinction de statuts. Surtout, nous lui demandons que cessent les injonctions paradoxales alors que nous voudrions pouvoir agir davantage encore au service des patients. Nous assurons les missions pour lesquelles nous sommes autorisés par l'Etat; or certaines d'entre elles nous sont refusées, comme les urgences et les hospitalisations sans consentement. C'est incompréhensible!", insiste la fédération.

Réactions de jeunes médecins et de l'Unafam

Dans un communiqué diffusé mercredi, Jeunes médecins s'étrangle: "Jeter l'opprobre sur le secteur privé ou son manque de coopération avec le secteur public montre malheureusement le peu de considération que M. Valletoux accorde à ce secteur."

"Surtout, Jeunes médecins s'inscrit en faux devant ces accusations", estimant que "ces situations dramatiques sont malheureusement la conséquence de l'insuffisance de moyens pérennes alloués au secteur public et du peu de reconnaissance des praticiens hospitaliers qui œuvrent chaque jour à maintenir un semblant de service public", et "sont dues à l'échec du Ségur et à l'absence d'écoute de la part du ministère de la santé".

Par ailleurs, dans une "lettre ouverte" adressé à Frédéric Valletoux et diffusée jeudi, l'Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam) estime que le "drame" du suicide du patient aux urgences psychiatriques du CHU de Toulouse "qui aurait pu, qui aurait dû être évité, reflète les graves manquements de notre système de santé en psychiatrie".

"Quotidiennement, des situations critiques nous sont partagées par nos adhérents, et plus globalement par les familles ou les proches de personnes concernées par un trouble ou une maladie psychique", alerte l'association.

"Nous ne pouvons que constater que la prise en charge des troubles psychiatriques pâtit d'un manque cruel de moyens et de considération. Les cris d'alerte des patients, des soignants, des familles qui retentissent depuis de trop nombreuses années restent sans réponse", insiste-t-elle.

"Il est temps de passer à l'action", estime l'Unafam, rappelant la demande "que la santé mentale soit une véritable grande cause nationale pour 2025, afin de déployer les moyens nécessaires, humains et financiers, pour faire face à cette situation désastreuse" (cf dépêche du 10/10/2023 à 16:42), et défendant "les centres experts, dédiés au soin et à la recherche pour les maladies psychiques", "les centres de réhabilitation psychosociale [qui] montrent qu'il est possible de refondre l'organisation des soins et de mettre en place un accompagnement global et personnalisé dans un objectif de promotion du rétablissement du patient", et appelant à développer l'aide aux aidants.

vl/ab/APMnews

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