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19/01 2022
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URGENCES: UN DÉLAI D'ATTENTE SUPÉRIEUR À 5 HEURES ASSOCIÉ À UN SURRISQUE DE MORTALITÉ (ÉTUDE BRITANNIQUE)

LONDRES, 19 janvier 2022 (APMnews) - Attendre plus de 5 heures aux urgences avant d'être admis dans un service est associé à un surrisque de décès toutes causes confondues dans les 30 jours, selon une étude anglaise publiée mercredi dans Emergency Medicine Journal, une revue du British Medical Journal (BMJ).

Depuis 2004, l'Angleterre s'est fixé un délai maximal de 4 heures pour prendre en charge les patients aux urgences afin de fluidifier et désencombrer ce service hospitalier.

Toutefois, ces dernières années, le nombre de passages et la demande de soins, comme en France, ont augmenté et contribué à allonger le temps d'attente des patients (cf dépêche du 13/03/2018 à 19:19).

Quelques études ont suggéré un lien entre la durée prolongée aux urgences et le risque de mortalité.

Chris Moulton du NHS Improvement et du Royal Bolton Hospital au Royaume-Uni et ses collègues américains ont travaillé sur les données du National Health Service (NHS) notamment hospitalières (Hospital Episode Statistics data and Office of National Statistics) pour étudier le risque de décès résultant des retards d'admission des patients hospitalisés depuis les services d'urgence.

Il s'agissait d'une étude transversale, comparative, rétrospective et observationnelle de tous les patients admis dans l'ensemble des services d'urgence (ouverts 24 heures/24) en Angleterre entre 2016 et 2018.

Le critère de jugement principal était les décès toutes causes confondues dans les 30 jours après l'admission dans un service hospitalier.

Au total, les services d'urgence ont enregistré 26,7 millions de passages, dont 7,4 millions ont abouti à une admission dans un service. Les données de 5,2 millions de patients ont été exploitées. L'âge médian était de 55 ans.

Le temps d'attente moyen était de 291 minutes, soit un peu moins de 5 heures. Plus de 3% ont attendu plus de 12 heures aux urgences. En moyenne, le taux de non-respect des 4 heures entre l'arrivée du patient et sa prise en charge dans un autre service était de 38%.

L'heure d'arrivée la plus fréquente était comprise entre 12 heures et 18 heures.

Au total, il y a eu 433.962 décès dans les 30 jours suivant l'admission des patients. Le taux brut global de mortalité toutes causes confondues à 30 jours était de 8,7%.

Dans le modèle de régression, un passage antérieur aux urgences était associé à un surrisque de mortalité de 19%. Le non-respect de la réglementation des 4 heures entre l'arrivée et la prise en charge d'un patient était aussi associé à un surrisque de décès de 35%. Les résultats étaient significatifs.

Une augmentation linéaire statistiquement significative de la mortalité a été constatée chez les patients admis après 5 à 12 heures d'attente aux urgences.

Les données indiquent aussi une augmentation de 10% de la mortalité dans les 30 jours des patients admis après avoir attendu entre 8 et 12 heures aux urgences par rapport à ceux qui y restent moins de 6 heures.

Pour les auteurs, "il existe une association dose-dépendante entre la durée prolongée (supérieure à 5 heures) des patients admis et la mortalité toutes causes confondues à 30 jours".

Dans la discussion, ils expliquent que les longs délais d'attente aux urgences peuvent causer la désorientation des patients âgés et allonger la durée de séjour à l'hôpital et de facto augmenter le risque d'infections nosocomiales. D'autres facteurs doivent probablement contribuer, comme le manque de lits, qui pousse les équipes à transférer des patients dans un service non adapté.

Dans un commentaire publié mercredi, Derek Prentice, du Royal College of Emergency Medicine, pointe les restrictions budgétaires comme l'une des causes de la détérioration de la prise en charge. "Depuis plus de 12 ans, nous avons eu des coupes budgétaires au NHS, conduisant à une réduction des lits et des effectifs", indique-t-il. Il ajoute que le seuil des 4 heures pour la prise en charge des patients semble justifié et sensé au vu des résultats obtenus dans l'étude.

(Emergency Medicine Journal,publication en date du 19 janvier)

sm/ab/APMnews

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URGENCES: UN DÉLAI D'ATTENTE SUPÉRIEUR À 5 HEURES ASSOCIÉ À UN SURRISQUE DE MORTALITÉ (ÉTUDE BRITANNIQUE)

LONDRES, 19 janvier 2022 (APMnews) - Attendre plus de 5 heures aux urgences avant d'être admis dans un service est associé à un surrisque de décès toutes causes confondues dans les 30 jours, selon une étude anglaise publiée mercredi dans Emergency Medicine Journal, une revue du British Medical Journal (BMJ).

Depuis 2004, l'Angleterre s'est fixé un délai maximal de 4 heures pour prendre en charge les patients aux urgences afin de fluidifier et désencombrer ce service hospitalier.

Toutefois, ces dernières années, le nombre de passages et la demande de soins, comme en France, ont augmenté et contribué à allonger le temps d'attente des patients (cf dépêche du 13/03/2018 à 19:19).

Quelques études ont suggéré un lien entre la durée prolongée aux urgences et le risque de mortalité.

Chris Moulton du NHS Improvement et du Royal Bolton Hospital au Royaume-Uni et ses collègues américains ont travaillé sur les données du National Health Service (NHS) notamment hospitalières (Hospital Episode Statistics data and Office of National Statistics) pour étudier le risque de décès résultant des retards d'admission des patients hospitalisés depuis les services d'urgence.

Il s'agissait d'une étude transversale, comparative, rétrospective et observationnelle de tous les patients admis dans l'ensemble des services d'urgence (ouverts 24 heures/24) en Angleterre entre 2016 et 2018.

Le critère de jugement principal était les décès toutes causes confondues dans les 30 jours après l'admission dans un service hospitalier.

Au total, les services d'urgence ont enregistré 26,7 millions de passages, dont 7,4 millions ont abouti à une admission dans un service. Les données de 5,2 millions de patients ont été exploitées. L'âge médian était de 55 ans.

Le temps d'attente moyen était de 291 minutes, soit un peu moins de 5 heures. Plus de 3% ont attendu plus de 12 heures aux urgences. En moyenne, le taux de non-respect des 4 heures entre l'arrivée du patient et sa prise en charge dans un autre service était de 38%.

L'heure d'arrivée la plus fréquente était comprise entre 12 heures et 18 heures.

Au total, il y a eu 433.962 décès dans les 30 jours suivant l'admission des patients. Le taux brut global de mortalité toutes causes confondues à 30 jours était de 8,7%.

Dans le modèle de régression, un passage antérieur aux urgences était associé à un surrisque de mortalité de 19%. Le non-respect de la réglementation des 4 heures entre l'arrivée et la prise en charge d'un patient était aussi associé à un surrisque de décès de 35%. Les résultats étaient significatifs.

Une augmentation linéaire statistiquement significative de la mortalité a été constatée chez les patients admis après 5 à 12 heures d'attente aux urgences.

Les données indiquent aussi une augmentation de 10% de la mortalité dans les 30 jours des patients admis après avoir attendu entre 8 et 12 heures aux urgences par rapport à ceux qui y restent moins de 6 heures.

Pour les auteurs, "il existe une association dose-dépendante entre la durée prolongée (supérieure à 5 heures) des patients admis et la mortalité toutes causes confondues à 30 jours".

Dans la discussion, ils expliquent que les longs délais d'attente aux urgences peuvent causer la désorientation des patients âgés et allonger la durée de séjour à l'hôpital et de facto augmenter le risque d'infections nosocomiales. D'autres facteurs doivent probablement contribuer, comme le manque de lits, qui pousse les équipes à transférer des patients dans un service non adapté.

Dans un commentaire publié mercredi, Derek Prentice, du Royal College of Emergency Medicine, pointe les restrictions budgétaires comme l'une des causes de la détérioration de la prise en charge. "Depuis plus de 12 ans, nous avons eu des coupes budgétaires au NHS, conduisant à une réduction des lits et des effectifs", indique-t-il. Il ajoute que le seuil des 4 heures pour la prise en charge des patients semble justifié et sensé au vu des résultats obtenus dans l'étude.

(Emergency Medicine Journal,publication en date du 19 janvier)

sm/ab/APMnews

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