Actualités de l'Urgence - APM

URGENCES: UN TAUX DE PASSAGES PAR MILLIER D'HABITANTS PLUS ÉLEVÉ EN ILE-DE-FRANCE (ORSNP)
Ce rapport, qui intègre pour la première année une comparaison avec les données du reste de la France, a été préparé en collaboration avec un collège d'experts des services d'urgence et utilise les données régionales des résumés de passages aux urgences (RPU), mises à disposition par le groupement régional francilien d'appui au développement de l'e-santé (Grades) Sesan, ainsi que les données nationales des RPU fournies par l'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation (Atih).
Les données récoltées par les RPU sont "chaque année de meilleure qualité", mais "il faut garder à l'esprit que les tendances annuelles présentées ici en disent parfois plus sur la collecte des données que sur les patients eux-mêmes", observe en introduction le président de l'ORSNP, Mathias Wargon. "C'est par exemple très clair concernant le codage de l'état de gravité des patients", note-t-il.
En 2024, les services d'urgence franciliens ont enregistré 4,3 millions de passages, soit 20,2% des 21,3 millions recensés pour la France entière, alors que l'Ile-de-France ne représente que 18,1% de la population française.
La fréquentation des urgences a augmenté dans la région de 6,4% en volume brut de passages (nombre total sans les doublons) et de 2,5% en volume de passages à périmètre constant d'établissements (établissements n'ayant pas eu d'interruption technique de transmissions de leurs données, soit 74% des services franciliens et 56% dans le reste de la France), contre respectivement +3,7% et +3% pour la France entière.
Le volume brut de passages a augmenté de 10,4% entre 2019 et 2024 en Ile-de-France et de 0,3% dans le reste de la France, avec probablement un volume de RPU sous-rapporté en 2019. "Le volume de passages par habitant a suivi une dynamique similaire: + 9% en Ile-de-France et -1,8% dans le reste de la France entre 2019 et 2024", souligne l'ORSNP.
En 2024, "le taux de passages pour mille habitants est 14,6% plus élevé en Ile-de-France que dans le reste de la France (346 passages contre 302 passages)".
L'ORSNP explique que "cela peut être dû à la mise en place d'une régulation en amont des urgences, régulation qui n'existe pas en Ile-de-France".
A périmètre constant, le niveau de fréquentation des urgences depuis 2021 est en dessous de celui observé en 2019, avant l'arrivée du Covid-19 (-1,5% en Ile-de-France et -2,5% pour le reste de la France entre 2019 et 2024).
Un nouvel indicateur sur le nombre de patients présents
Le rapport détaille par ailleurs l'activité par mois et au cours de la semaine, en distinguant les activités pédiatriques et adultes. "Pour les services pédiatriques, le rebond d'activité qui avait lieu le week-end a complètement disparu entre 2019 et 2024", à la fois en Ile-de-France et pour le reste du pays, souligne-t-il.
Il précise que l'âge moyen et l'âge médian des patients des urgences d'Ile-de-France (37 et 34 ans) sont inférieurs de quatre ans à ceux du reste de la France. La part des patients de plus de 75 ans est par ailleurs significativement plus faible que dans le reste du pays.
Les hospitalisations depuis les urgences ont progressé de 3,2% en Ile-de-France, à 622.724 (14% des passages), par rapport à +5% pour la France entière, à 4,4 millions.
L'ORSNP montre par ailleurs que la part des passages de nuit a augmenté, passant de 20% à 24% dans les services d'urgence privés entre 2019 et 2024, mais qu'elle est restée stable dans les établissements publics et pédiatriques et a baissé dans les établissements de santé privés d'intérêt collectif (Espic) adultes.
Cette édition du rapport d'activité intègre "un nouvel indicateur particulièrement pertinent", qui est "le nombre de patients présents aux urgences, complémentaire au nombre traditionnellement recensé des patients venus aux urgences", fait valoir l'observatoire. "Cette approche innovante permet une évaluation plus réaliste et plus opérationnelle du niveau de saturation effectif des services d'urgence."
Par exemple, dans le Val-d'Oise, "entre 6 heures et 7 heures du matin, on compte 50% de patients présents aux urgences en comparaison de la moyenne de la journée" mais "138% du volume moyen de la journée" entre 15 heures et 16 heures. Cette variation est "beaucoup plus faible" en Essonne, ce qui est "cohérent avec les durées de passage aux urgences plus longues" dans ce département par rapport au reste de la région.
"Les services d'urgence ne sont en réalité jamais vides, même au creux de la nuit", où "l'afflux de patients est moindre mais le volume de patients présents reste important", commente l'observatoire, en précisant toutefois que les chiffres n'incluent pas les patients hospitalisés aux urgences (qui sortent du cadre des RPU) et que "le volume réel de patients présents dans les locaux des urgences à un instant 't' est donc encore sous-estimé".
S'agissant de la médiane des durées des passages hors hospitalisations, elle s'est élevée à 173 minutes en Ile-de-France en 2024, ce qui est très proche de la médiane calculée pour le reste de la France (171 minutes). En Ile-de-France et dans le reste du pays, 90% des patients qui retournent à domicile ont une durée de passage inférieure à 7h30.
Le rapport détaille ces résultats par types de service d'urgence et selon l'heure de la journée. La médiane de durée de passage se situe entre 1h40 et 2h30 pour les services privés (hors période de pic entre 3 heures et 7 heures du matin) et entre 3h et 4h15 pour les hôpitaux et Espic. "Les services de pédiatrie ont un profil de durée de passage proche" de celui des urgences privées adultes (hors pic entre 3 heures et 7 heures du matin).
Hausse de la gravité sans doute liée à la réforme de la tarification
En matière de transports, la part des arrivées en ambulance est plus faible en Ile-de-France que dans le reste de la France (10% contre 14%) alors que la part des arrivées en véhicule de secours et d'assistance aux victimes des pompiers (VSAV) est légèrement plus élevée.
Concernant la gravité des patients, l'ORSNP relève une baisse de la part des passages CCMU (classification clinique des malades aux urgences) 1 et 2 au profit des codes CCMU 3 (16% en 2022 puis 27% en 2024).
"L'augmentation globale de la gravité rapportée dans les RPU est probablement principalement due à des recalibrations de codages" par les services d'urgence, dans le cadre de la réforme du financement des urgences de 2022 (cf dépêche du 26/02/2021 à 17:10 et dépêche du 29/12/2021 à 16:26), note-t-il. "Il est aussi possible que certaines politiques de santé mises en place localement ou à l'échelle de la région, comme la réorientation des patients peu graves vers d'autres structures de santé, participent à la diminution de la part des patients codés CCMU 1".
Par rapport au reste de la France, les services franciliens semblent accueillir une proportion plus importante de patients de faible gravité, relevant donc pour certains de la médecine de ville plutôt que de la médecine d'urgence.
Enfin, le rapport liste la provenance des patients et les diagnostics les plus fréquents.
(Rapport d'activité 2024 de l'Observatoire régional des soins non programmés [ORSNP] Ile-de-France)
cb/lb/APMnews
Informations professionnelles
- AFMU
- Agenda
- Annonces de postes
- Annuaire de l'urgence
- Audits
- Calculateurs
- Cas cliniques
- Cochrane PEC
- COVID-19
- DynaMed
- E-learning
- Géodes
- Grand public
- Librairie
- Médecine factuelle
- Outils professionnels
- Podcast
- Portail de l'urgence
- Recherche avancée
- Recommandations
- Recommandations SFMU
- Référentiels SFMU
- Textes réglementaires
- UrgencesDPC
- Webinaire
- Weblettre

URGENCES: UN TAUX DE PASSAGES PAR MILLIER D'HABITANTS PLUS ÉLEVÉ EN ILE-DE-FRANCE (ORSNP)
Ce rapport, qui intègre pour la première année une comparaison avec les données du reste de la France, a été préparé en collaboration avec un collège d'experts des services d'urgence et utilise les données régionales des résumés de passages aux urgences (RPU), mises à disposition par le groupement régional francilien d'appui au développement de l'e-santé (Grades) Sesan, ainsi que les données nationales des RPU fournies par l'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation (Atih).
Les données récoltées par les RPU sont "chaque année de meilleure qualité", mais "il faut garder à l'esprit que les tendances annuelles présentées ici en disent parfois plus sur la collecte des données que sur les patients eux-mêmes", observe en introduction le président de l'ORSNP, Mathias Wargon. "C'est par exemple très clair concernant le codage de l'état de gravité des patients", note-t-il.
En 2024, les services d'urgence franciliens ont enregistré 4,3 millions de passages, soit 20,2% des 21,3 millions recensés pour la France entière, alors que l'Ile-de-France ne représente que 18,1% de la population française.
La fréquentation des urgences a augmenté dans la région de 6,4% en volume brut de passages (nombre total sans les doublons) et de 2,5% en volume de passages à périmètre constant d'établissements (établissements n'ayant pas eu d'interruption technique de transmissions de leurs données, soit 74% des services franciliens et 56% dans le reste de la France), contre respectivement +3,7% et +3% pour la France entière.
Le volume brut de passages a augmenté de 10,4% entre 2019 et 2024 en Ile-de-France et de 0,3% dans le reste de la France, avec probablement un volume de RPU sous-rapporté en 2019. "Le volume de passages par habitant a suivi une dynamique similaire: + 9% en Ile-de-France et -1,8% dans le reste de la France entre 2019 et 2024", souligne l'ORSNP.
En 2024, "le taux de passages pour mille habitants est 14,6% plus élevé en Ile-de-France que dans le reste de la France (346 passages contre 302 passages)".
L'ORSNP explique que "cela peut être dû à la mise en place d'une régulation en amont des urgences, régulation qui n'existe pas en Ile-de-France".
A périmètre constant, le niveau de fréquentation des urgences depuis 2021 est en dessous de celui observé en 2019, avant l'arrivée du Covid-19 (-1,5% en Ile-de-France et -2,5% pour le reste de la France entre 2019 et 2024).
Un nouvel indicateur sur le nombre de patients présents
Le rapport détaille par ailleurs l'activité par mois et au cours de la semaine, en distinguant les activités pédiatriques et adultes. "Pour les services pédiatriques, le rebond d'activité qui avait lieu le week-end a complètement disparu entre 2019 et 2024", à la fois en Ile-de-France et pour le reste du pays, souligne-t-il.
Il précise que l'âge moyen et l'âge médian des patients des urgences d'Ile-de-France (37 et 34 ans) sont inférieurs de quatre ans à ceux du reste de la France. La part des patients de plus de 75 ans est par ailleurs significativement plus faible que dans le reste du pays.
Les hospitalisations depuis les urgences ont progressé de 3,2% en Ile-de-France, à 622.724 (14% des passages), par rapport à +5% pour la France entière, à 4,4 millions.
L'ORSNP montre par ailleurs que la part des passages de nuit a augmenté, passant de 20% à 24% dans les services d'urgence privés entre 2019 et 2024, mais qu'elle est restée stable dans les établissements publics et pédiatriques et a baissé dans les établissements de santé privés d'intérêt collectif (Espic) adultes.
Cette édition du rapport d'activité intègre "un nouvel indicateur particulièrement pertinent", qui est "le nombre de patients présents aux urgences, complémentaire au nombre traditionnellement recensé des patients venus aux urgences", fait valoir l'observatoire. "Cette approche innovante permet une évaluation plus réaliste et plus opérationnelle du niveau de saturation effectif des services d'urgence."
Par exemple, dans le Val-d'Oise, "entre 6 heures et 7 heures du matin, on compte 50% de patients présents aux urgences en comparaison de la moyenne de la journée" mais "138% du volume moyen de la journée" entre 15 heures et 16 heures. Cette variation est "beaucoup plus faible" en Essonne, ce qui est "cohérent avec les durées de passage aux urgences plus longues" dans ce département par rapport au reste de la région.
"Les services d'urgence ne sont en réalité jamais vides, même au creux de la nuit", où "l'afflux de patients est moindre mais le volume de patients présents reste important", commente l'observatoire, en précisant toutefois que les chiffres n'incluent pas les patients hospitalisés aux urgences (qui sortent du cadre des RPU) et que "le volume réel de patients présents dans les locaux des urgences à un instant 't' est donc encore sous-estimé".
S'agissant de la médiane des durées des passages hors hospitalisations, elle s'est élevée à 173 minutes en Ile-de-France en 2024, ce qui est très proche de la médiane calculée pour le reste de la France (171 minutes). En Ile-de-France et dans le reste du pays, 90% des patients qui retournent à domicile ont une durée de passage inférieure à 7h30.
Le rapport détaille ces résultats par types de service d'urgence et selon l'heure de la journée. La médiane de durée de passage se situe entre 1h40 et 2h30 pour les services privés (hors période de pic entre 3 heures et 7 heures du matin) et entre 3h et 4h15 pour les hôpitaux et Espic. "Les services de pédiatrie ont un profil de durée de passage proche" de celui des urgences privées adultes (hors pic entre 3 heures et 7 heures du matin).
Hausse de la gravité sans doute liée à la réforme de la tarification
En matière de transports, la part des arrivées en ambulance est plus faible en Ile-de-France que dans le reste de la France (10% contre 14%) alors que la part des arrivées en véhicule de secours et d'assistance aux victimes des pompiers (VSAV) est légèrement plus élevée.
Concernant la gravité des patients, l'ORSNP relève une baisse de la part des passages CCMU (classification clinique des malades aux urgences) 1 et 2 au profit des codes CCMU 3 (16% en 2022 puis 27% en 2024).
"L'augmentation globale de la gravité rapportée dans les RPU est probablement principalement due à des recalibrations de codages" par les services d'urgence, dans le cadre de la réforme du financement des urgences de 2022 (cf dépêche du 26/02/2021 à 17:10 et dépêche du 29/12/2021 à 16:26), note-t-il. "Il est aussi possible que certaines politiques de santé mises en place localement ou à l'échelle de la région, comme la réorientation des patients peu graves vers d'autres structures de santé, participent à la diminution de la part des patients codés CCMU 1".
Par rapport au reste de la France, les services franciliens semblent accueillir une proportion plus importante de patients de faible gravité, relevant donc pour certains de la médecine de ville plutôt que de la médecine d'urgence.
Enfin, le rapport liste la provenance des patients et les diagnostics les plus fréquents.
(Rapport d'activité 2024 de l'Observatoire régional des soins non programmés [ORSNP] Ile-de-France)
cb/lb/APMnews