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24/07 2025
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VIOLENCES PHYSIQUES ET VERBALES, PRISE EN CHARGE EN PSYCHIATRIE, AUX URGENCES: PLUSIEURS PISTES POUR MIEUX SÉCURISER L'HÔPITAL

(Par Antoine LAURENT)

PARIS, 24 juillet 2025 (APMnews) - Les établissements de santé peuvent s'emparer de formations et d'outils pour lutter contre les violences quotidiennes (menaces verbales, agressions, intrusions) à l'hôpital et améliorer les conditions de travail dans les services sensibles, comme la psychiatrie ou les urgences, a exposé mardi à APMnews Romain Fortier, ingénieur et responsable délégué de la sécurité, de la sûreté, de l'accueil et de la logistique au centre hospitalier de l'Estran (Manche), spécialisé en psychiatrie.

Romain Fortier a été interrogé à la suite de la publication en juin de son livre intitulé "La sûreté à l'hôpital, cette institution à protéger à tout prix".

Dans cet ouvrage, l'ingénieur livre d'abord un état des lieux de l'évolution des violences en milieu hospitalier, en s'appuyant sur les données de l'Observatoire national des violences en santé (ONVS).

Celles-ci recensent les violences verbales, les agressions physiques, ou encore les atteintes aux biens signalées dans les établissements.

L'auteur rappelle en introduction qu'en 2021, environ 20.000 incidents de violence ont été rapportés à l'ONVS (cf dépêche du 21/11/2022 à 11:00 et dépêche du 21/11/2022 à 11:01) et qu'entre 2021 et 2022, le nombre d'agressions physiques a augmenté de 15%.

En mai, l'ONVS rapportait que 86% des signalements en 2023 et 2024 relevaient d'atteintes aux personnes (insultes ou agressions physiques).

Entre 2023 et 2024, l'organisme enregistrait par ailleurs des hausses respectives de 17% et 18,5% des signalements de cas de violence pour les établissements de santé publics et privés, rappelle-t-on (cf dépêche du 21/05/2025 à 14:30).

L'auteur du livre déduit de ces données une "montée de l'insécurité" à l'hôpital, et rappelle que ces violences restent "sous-déclarées" par les soignants.

Il déplore les conséquences néfastes des violences subies par les personnels hospitaliers, telles que les "traumatismes", la "détérioration des conditions de travail" ou encore une "menace sur la qualité des soins".

Des difficultés spécifiques à surmonter en psychiatrie

L'auteur relève qu'en 2021, environ 22% des faits de violence signalés étaient survenus dans des services de psychiatrie. "Travailler en 'psy' implique une confrontation fréquente à la violence, sous des formes variées", relève-t-il.

Celle-ci peut se traduire par de l'agressivité verbale, des menaces, des dégradations de matériel, ou parfois des agressions physiques émanant de patients en état de "vulnérabilité extrême". Cet état précaire peut aussi les rendre parfois sensibles à des radicalisations idéologiques.

Dans ce contexte, l'auteur présente la maîtrise de la violence comme un enjeu à la fois thérapeutique et sécuritaire.

"L'objectif est de maîtriser les patients sans les blesser. En pratique, cela signifie que l'on cherchera d'abord à désamorcer la violence par le soin (apaiser le patient, adapter le traitement, identifier le facteur déclenchant) plutôt qu'à neutraliser l'individu par la force de manière punitive", décrit-il.

Les interventions impliquent alors une maîtrise "à la fois technique et relationnelle", ainsi qu'une capacité à "détecter des signes avant-coureurs d'explosion de violence".

En unité de psychiatrie, l'ingénieur préconise dans son ouvrage l'utilisation de mesures techniques "discrètes", comme des caméras de surveillance, des alarmes portatives anti-agression pour les soignants, ou encore des éclairages modulables pour apaiser l'atmosphère la nuit.

Il insiste sur la nécessité de compter sur des effectifs "suffisants et formés" en service psychiatrique, dont le nombre est ajusté en fonction du risque des patients accueillis.

Il plaide par ailleurs pour l'intégration d'agents de sécurité "spécialement formés aux spécificités du contexte 'psy'", notamment dans les unités pour malades difficiles (UMD), ainsi que de médiateurs "en cas de tensions impliquant des patients et leur famille".

Il relate avoir lui-même été confronté, au cours de sa carrière hospitalière, à une unité de psychiatrie "où plus personne ne voulait travailler, en raison de la violence" inhérente à celle-ci.

Il explique avoir mis en place une équipe de sécurité afin d'aider le travail des personnels soignants de cette unité. "Au départ, les professionnels ne sont pas forcément à l'aise avec cette présence. Il faut mener en même temps un travail d'acculturation à la sûreté avec eux", partage-t-il.

Cette nouvelle présence a été complétée par "des moyens techniques" et une formation dispensée aux personnels. "Depuis, nous rencontrons moins de violence dans le service, et celle-ci est mieux gérée", explique-t-il.

"En psychiatrie, on peut rencontrer des difficultés pour recruter. Or améliorer la sécurité est aussi l'un des leviers à actionner pour donner davantage envie de travailler dans ces métiers", remarque aussi l'ingénieur.

Mieux former et sensibiliser les personnels, une réponse prioritaire

Romain Fortier note également qu'en 2021, entre 12% et 13% des signalements remontés par l'ONVS étaient concentrés en gériatrie, et environ 12% aux urgences.

"Ces chiffres datent des années Covid, ils sont désormais un peu faussés. Les services d'urgence sont aujourd'hui plus violents que les services gériatriques", contextualise l'auteur.

Il définit les urgences comme "un point névralgique où convergent détresses et impatiences", et cite l'engorgement des urgences, l'épuisement des soignants, le profil à risque de certains patients ou encore ce qu'il définit comme "une défiance accrue envers l'autorité" depuis la pandémie de Covid-19 comme des causes possibles de la montée des violences.

L'auteur relève que selon l'ONVS, 50% des incidents à l'hôpital sont liés à un "mécontentement des soins" chez l'usager ou l'un de ses proches. Dans 21% des cas, les incivilités sont liées à des refus de soins (notamment en gériatrie) et dans 8% à 9% des cas, à des "temps d'attente excessifs".

"Dans plus de 90% des cas, les auteurs de violences à l'hôpital sont les patients eux-mêmes ou leurs visiteurs ou accompagnants", écrit-il.

Face à ces phénomènes, Romain Fortier préconise prioritairement de former et sensibiliser les soignants aux enjeux de sûreté.

"Longtemps, les hôpitaux ont été perçus comme des sanctuaires de sécurité. Dans la plupart des établissements, il n'y a donc pas de culture de la sûreté", estime l'ingénieur.

"Si jamais les personnes imaginent que la violence n'existe pas, ou qu'elles ne seront jamais touchées, alors elles risquent de se retrouver tétanisées face à elle", s'inquiète-t-il. "Sensibiliser les personnels au fait que les agressions peuvent arriver, et leur donner une conduite à tenir dans cette situation, peut sauver des personnes."

En cas de montée des tensions avec un visiteur ou un usager, Romain Fortier préconise de "ne pas entrer dans le jeu d'une personne qui s'énerve" et "d'essayer de parler calmement, avoir une écoute pour trouver le bon positionnement".

Il conseille aussi de "ne pas avoir une distance trop proche, à un peu plus d'un mètre minimum", et de vérifier s'il existe "une issue derrière soi" et de ne pas être collé contre un mur, "afin de pouvoir s'échapper si nécessaire".

Collaboration entre services de sécurité hospitaliers et forces de l'ordre

Dans un second temps, le responsable prône l'utilisation de moyens techniques de prévention de l'insécurité, comme les contrôles d'accès par badges ou la télésurveillance.

Romain Fortier estime aussi que la "simple présence d'agents de sécurité-sûreté" permet de prévenir et réduire le nombre de passages aux actes violents.

Il insiste également sur la nécessité de "coopérer avec les forces de l'ordre" pour faciliter leurs interventions.

Cette coopération passe par la connaissance approfondie des lieux par la police ou la gendarmerie, grâce par exemple à des visites de familiarisation, le partage des plans de l'hôpital ou l'établissement d'un annuaire de crise permettant à la police d'identifier rapidement des contacts d'urgence.

La "bonne collaboration" entre police et hôpitaux passe aussi par la clarification en amont des interventions et des rôles des services de sécurité hospitaliers et des forces de l'ordre. Cette articulation des actions à mener par chacun doit se traduire par un protocole écrit, révisable régulièrement.

Romain Fortier intervient sur les problématiques de sûreté des hôpitaux auprès des élèves directeurs à l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP). Il insiste sur la nécessité de mieux sensibiliser ces publics aux enjeux de sûreté des établissements.

Il fait par ailleurs savoir qu'une formation à la prévention des violences, destinée notamment aux agents de sécurité hospitaliers et aux responsables de sécurité, est en cours d'élaboration à l'EHESP.

Cette formation, qui pourrait voir le jour en 2026, est construite avec l'aide du ministère de l'éducation nationale et de l'Association des chargés de sécurité en établissements de soins (Acses).

L'objectif de cette formation sera de "diffuser des pratiques communes en matière de sécurité" dans les établissements.

Des risques économiques et/ou scientifiques à ne pas sous-estimer

Dans son ouvrage, Romain Fortier évoque également les risques liés à la protection des "actifs économiques et scientifiques" des établissements.

Au-delà des cyberattaques, certains établissements peuvent être soumis à de l'espionnage industriel, à des pressions économiques liées à des ingérences d'acteurs industriels ou à des campagnes de désinformation visant à affaiblir la légitimité d'un hôpital.

Face à ces menaces, les réponses préconisées par l'ingénieur sont de "former les personnels aux réflexes de cybersécurité", ainsi que les chercheurs et médecins aux risques d'ingérence.

Pour les établissements les plus grands, il suggère de nommer un responsable dévolu à l'intelligence économique ou à la sécurité stratégique. Ce dernier aurait pour mission de "filtrer les partenariats sensibles", de "superviser la protection des informations critiques" et de "sensibiliser l'ensemble du personnel aux bonnes pratiques de confidentialité".

"La Sûreté à l'hôpital, cette institution à protéger à tout prix", Romain Fortier, juin 2025, 12,38 euros sur Amazon

al/san/lbAPMnews

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(Par Antoine LAURENT)

PARIS, 24 juillet 2025 (APMnews) - Les établissements de santé peuvent s'emparer de formations et d'outils pour lutter contre les violences quotidiennes (menaces verbales, agressions, intrusions) à l'hôpital et améliorer les conditions de travail dans les services sensibles, comme la psychiatrie ou les urgences, a exposé mardi à APMnews Romain Fortier, ingénieur et responsable délégué de la sécurité, de la sûreté, de l'accueil et de la logistique au centre hospitalier de l'Estran (Manche), spécialisé en psychiatrie.

Romain Fortier a été interrogé à la suite de la publication en juin de son livre intitulé "La sûreté à l'hôpital, cette institution à protéger à tout prix".

Dans cet ouvrage, l'ingénieur livre d'abord un état des lieux de l'évolution des violences en milieu hospitalier, en s'appuyant sur les données de l'Observatoire national des violences en santé (ONVS).

Celles-ci recensent les violences verbales, les agressions physiques, ou encore les atteintes aux biens signalées dans les établissements.

L'auteur rappelle en introduction qu'en 2021, environ 20.000 incidents de violence ont été rapportés à l'ONVS (cf dépêche du 21/11/2022 à 11:00 et dépêche du 21/11/2022 à 11:01) et qu'entre 2021 et 2022, le nombre d'agressions physiques a augmenté de 15%.

En mai, l'ONVS rapportait que 86% des signalements en 2023 et 2024 relevaient d'atteintes aux personnes (insultes ou agressions physiques).

Entre 2023 et 2024, l'organisme enregistrait par ailleurs des hausses respectives de 17% et 18,5% des signalements de cas de violence pour les établissements de santé publics et privés, rappelle-t-on (cf dépêche du 21/05/2025 à 14:30).

L'auteur du livre déduit de ces données une "montée de l'insécurité" à l'hôpital, et rappelle que ces violences restent "sous-déclarées" par les soignants.

Il déplore les conséquences néfastes des violences subies par les personnels hospitaliers, telles que les "traumatismes", la "détérioration des conditions de travail" ou encore une "menace sur la qualité des soins".

Des difficultés spécifiques à surmonter en psychiatrie

L'auteur relève qu'en 2021, environ 22% des faits de violence signalés étaient survenus dans des services de psychiatrie. "Travailler en 'psy' implique une confrontation fréquente à la violence, sous des formes variées", relève-t-il.

Celle-ci peut se traduire par de l'agressivité verbale, des menaces, des dégradations de matériel, ou parfois des agressions physiques émanant de patients en état de "vulnérabilité extrême". Cet état précaire peut aussi les rendre parfois sensibles à des radicalisations idéologiques.

Dans ce contexte, l'auteur présente la maîtrise de la violence comme un enjeu à la fois thérapeutique et sécuritaire.

"L'objectif est de maîtriser les patients sans les blesser. En pratique, cela signifie que l'on cherchera d'abord à désamorcer la violence par le soin (apaiser le patient, adapter le traitement, identifier le facteur déclenchant) plutôt qu'à neutraliser l'individu par la force de manière punitive", décrit-il.

Les interventions impliquent alors une maîtrise "à la fois technique et relationnelle", ainsi qu'une capacité à "détecter des signes avant-coureurs d'explosion de violence".

En unité de psychiatrie, l'ingénieur préconise dans son ouvrage l'utilisation de mesures techniques "discrètes", comme des caméras de surveillance, des alarmes portatives anti-agression pour les soignants, ou encore des éclairages modulables pour apaiser l'atmosphère la nuit.

Il insiste sur la nécessité de compter sur des effectifs "suffisants et formés" en service psychiatrique, dont le nombre est ajusté en fonction du risque des patients accueillis.

Il plaide par ailleurs pour l'intégration d'agents de sécurité "spécialement formés aux spécificités du contexte 'psy'", notamment dans les unités pour malades difficiles (UMD), ainsi que de médiateurs "en cas de tensions impliquant des patients et leur famille".

Il relate avoir lui-même été confronté, au cours de sa carrière hospitalière, à une unité de psychiatrie "où plus personne ne voulait travailler, en raison de la violence" inhérente à celle-ci.

Il explique avoir mis en place une équipe de sécurité afin d'aider le travail des personnels soignants de cette unité. "Au départ, les professionnels ne sont pas forcément à l'aise avec cette présence. Il faut mener en même temps un travail d'acculturation à la sûreté avec eux", partage-t-il.

Cette nouvelle présence a été complétée par "des moyens techniques" et une formation dispensée aux personnels. "Depuis, nous rencontrons moins de violence dans le service, et celle-ci est mieux gérée", explique-t-il.

"En psychiatrie, on peut rencontrer des difficultés pour recruter. Or améliorer la sécurité est aussi l'un des leviers à actionner pour donner davantage envie de travailler dans ces métiers", remarque aussi l'ingénieur.

Mieux former et sensibiliser les personnels, une réponse prioritaire

Romain Fortier note également qu'en 2021, entre 12% et 13% des signalements remontés par l'ONVS étaient concentrés en gériatrie, et environ 12% aux urgences.

"Ces chiffres datent des années Covid, ils sont désormais un peu faussés. Les services d'urgence sont aujourd'hui plus violents que les services gériatriques", contextualise l'auteur.

Il définit les urgences comme "un point névralgique où convergent détresses et impatiences", et cite l'engorgement des urgences, l'épuisement des soignants, le profil à risque de certains patients ou encore ce qu'il définit comme "une défiance accrue envers l'autorité" depuis la pandémie de Covid-19 comme des causes possibles de la montée des violences.

L'auteur relève que selon l'ONVS, 50% des incidents à l'hôpital sont liés à un "mécontentement des soins" chez l'usager ou l'un de ses proches. Dans 21% des cas, les incivilités sont liées à des refus de soins (notamment en gériatrie) et dans 8% à 9% des cas, à des "temps d'attente excessifs".

"Dans plus de 90% des cas, les auteurs de violences à l'hôpital sont les patients eux-mêmes ou leurs visiteurs ou accompagnants", écrit-il.

Face à ces phénomènes, Romain Fortier préconise prioritairement de former et sensibiliser les soignants aux enjeux de sûreté.

"Longtemps, les hôpitaux ont été perçus comme des sanctuaires de sécurité. Dans la plupart des établissements, il n'y a donc pas de culture de la sûreté", estime l'ingénieur.

"Si jamais les personnes imaginent que la violence n'existe pas, ou qu'elles ne seront jamais touchées, alors elles risquent de se retrouver tétanisées face à elle", s'inquiète-t-il. "Sensibiliser les personnels au fait que les agressions peuvent arriver, et leur donner une conduite à tenir dans cette situation, peut sauver des personnes."

En cas de montée des tensions avec un visiteur ou un usager, Romain Fortier préconise de "ne pas entrer dans le jeu d'une personne qui s'énerve" et "d'essayer de parler calmement, avoir une écoute pour trouver le bon positionnement".

Il conseille aussi de "ne pas avoir une distance trop proche, à un peu plus d'un mètre minimum", et de vérifier s'il existe "une issue derrière soi" et de ne pas être collé contre un mur, "afin de pouvoir s'échapper si nécessaire".

Collaboration entre services de sécurité hospitaliers et forces de l'ordre

Dans un second temps, le responsable prône l'utilisation de moyens techniques de prévention de l'insécurité, comme les contrôles d'accès par badges ou la télésurveillance.

Romain Fortier estime aussi que la "simple présence d'agents de sécurité-sûreté" permet de prévenir et réduire le nombre de passages aux actes violents.

Il insiste également sur la nécessité de "coopérer avec les forces de l'ordre" pour faciliter leurs interventions.

Cette coopération passe par la connaissance approfondie des lieux par la police ou la gendarmerie, grâce par exemple à des visites de familiarisation, le partage des plans de l'hôpital ou l'établissement d'un annuaire de crise permettant à la police d'identifier rapidement des contacts d'urgence.

La "bonne collaboration" entre police et hôpitaux passe aussi par la clarification en amont des interventions et des rôles des services de sécurité hospitaliers et des forces de l'ordre. Cette articulation des actions à mener par chacun doit se traduire par un protocole écrit, révisable régulièrement.

Romain Fortier intervient sur les problématiques de sûreté des hôpitaux auprès des élèves directeurs à l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP). Il insiste sur la nécessité de mieux sensibiliser ces publics aux enjeux de sûreté des établissements.

Il fait par ailleurs savoir qu'une formation à la prévention des violences, destinée notamment aux agents de sécurité hospitaliers et aux responsables de sécurité, est en cours d'élaboration à l'EHESP.

Cette formation, qui pourrait voir le jour en 2026, est construite avec l'aide du ministère de l'éducation nationale et de l'Association des chargés de sécurité en établissements de soins (Acses).

L'objectif de cette formation sera de "diffuser des pratiques communes en matière de sécurité" dans les établissements.

Des risques économiques et/ou scientifiques à ne pas sous-estimer

Dans son ouvrage, Romain Fortier évoque également les risques liés à la protection des "actifs économiques et scientifiques" des établissements.

Au-delà des cyberattaques, certains établissements peuvent être soumis à de l'espionnage industriel, à des pressions économiques liées à des ingérences d'acteurs industriels ou à des campagnes de désinformation visant à affaiblir la légitimité d'un hôpital.

Face à ces menaces, les réponses préconisées par l'ingénieur sont de "former les personnels aux réflexes de cybersécurité", ainsi que les chercheurs et médecins aux risques d'ingérence.

Pour les établissements les plus grands, il suggère de nommer un responsable dévolu à l'intelligence économique ou à la sécurité stratégique. Ce dernier aurait pour mission de "filtrer les partenariats sensibles", de "superviser la protection des informations critiques" et de "sensibiliser l'ensemble du personnel aux bonnes pratiques de confidentialité".

"La Sûreté à l'hôpital, cette institution à protéger à tout prix", Romain Fortier, juin 2025, 12,38 euros sur Amazon

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