Actualités de l'Urgence - APM

VISÉE PAR TROIS PLAINTES, LA GOUVERNANCE DU CHU DE MONTPELLIER RÉCUSE LES ACCUSATIONS DE HARCÈLEMENT MORAL
Depuis février 2024, trois plaintes ont été déposées au pénal contre X pour harcèlement moral par des professeurs des universités-praticiens hospitaliers (PU-PH) du CHU de Montpellier et une quatrième est sur le point d'être finalisée, a appris APMnews à la suite des premières révélations faites le 20 février par France 3 Occitanie. Interrogée mardi, la directrice générale, Anne Ferrer, récuse l'ensemble des accusations et soutient qu'un accompagnement adapté a été proposé à tous les professionnels qui en avaient besoin.
Dans une conférence de presse tenue jeudi, le CHU a confirmé qu'une enquête judiciaire avait été ouverte et que certains membres de la gouvernance du CHU, qui "se tiennent à la disposition de la justice", seraient entendus à partir du printemps.
La première plainte date de février 2024, tandis que deux nouvelles ont été formulées en janvier et février 2025. L'un des PU-PH aurait aussi porté plainte pour diffamation non publique à l'encontre de la directrice générale du CHU, note-t-on.
Pour le Pr Mustapha Sebbane, ancien chef de service des urgences de l'hôpital montpelliérain évoluant désormais au service de régulation du 15, le problème de gouvernance remonterait à 2018.
"J'ai été destitué de la chefferie de service le 11 mai 2022 […] mais j'étais harcelé par la gouvernance depuis bien avant", a décrit celui qui devrait déposer prochainement la quatrième plainte, et qu'APMnews a pu joindre mercredi.
Il se serait notamment attiré les "foudres" du président de la commission médicale d'établissement (PCME) après avoir demandé à plusieurs reprises un scanner et critiqué la réorganisation du service. En réponse, la gouvernance du CHU a évoqué jeudi l'existence de problèmes liés à la déclaration des événements indésirables graves (EIG).
"A la rigueur, perdre une chefferie, ce n'est pas grave", a relativisé Mustapha Sebbane, partageant néanmoins son amertume alors qu'"il a géré le service des urgences de 8h à minuit pendant tout le Covid".
Il a surtout accusé le CHU d'avoir par la suite "détruit [s]on environnement de travail", en mettant en place un "système d'exclusion insidieux".
Les praticiens hospitaliers qui travaillaient autour de lui et le soutenaient auraient été "poussés au départ", et "il ne gère plus aucun thésard depuis 2022" alors qu'il en encadrait auparavant "une dizaine en moyenne" par an. Plus généralement, il s'est dit exclu des boucles de communication, notant que son nom même est absent de la feuille à en-tête du service.
S'agissant des urgences, le Pr Sebbane s'est inquiété d'un manque d'encadrement des internes, externes et docteurs juniors -fonction qu'il lui aurait été retirée. Ces derniers seraient supervisés par "de jeunes médecins qui n'ont pas les compétences". "Cela devient un service dangereux", a-t-il alerté.
Par conséquent, le PU-PH a fait deux signalements au titre de l'article 40 du code de procédure pénale auprès du procureur de la République de Montpellier, en octobre 2024 et janvier 2025, au motif de l'existence d'un "risque létal" pour les patients.
Une éviction "basée sur des rumeurs"
Pour le Pr Philippe Guilpain, ancien chef de service en médecine interne et spécialiste des maladies rares et chroniques, les premiers germes du harcèlement remonteraient aussi à 2018-2019, mais "les grosses difficultés apparaissent en août 2023, dans un contexte où les internes se sont mis à boycotter [s]on service", en raison d'un volume d'horaires effectué jugé trop important.
Par la suite, le Pr Guilpain aurait fait l'objet d'"attaques répétées" par la gouvernance. "Mes propositions étaient contestées, je n'étais pas concerté sur des initiatives qui concernaient mon service, j'étais court-circuité sur la recherche…", a-t-il énuméré.
Face à ces tensions, il aurait demandé une médiation régionale, menée entre fin 2023 et début 2024, qui n'a pas abouti à un accord signé par l'ensemble des parties, le PU-PH contestant l'impartialité de cette médiation et la pertinence de ses conclusions.
Tandis que la direction du CHU évoque son "non-renouvellement" à la tête du service, qui serait une conséquence de cette médiation avortée, lui juge qu'il s'agit d'une "pure et simple éviction […] basée sur des rumeurs".
"Le 27 février 2024, la directrice générale m'annonce […] que je dois quitter mon poste car je ne m'entendrais plus avec les autres collègues, alors qu'il n'y avait que deux personnes avec lesquelles j'étais en conflit à ce moment", a-t-il fait valoir. Jeudi, la gouvernance a justifié cette décision en raison "des énormes difficultés rencontrées durant les quatre années" où il était à la tête du service.
Dans la foulée, le volume horaire de ses consultations aurait été réduit et elles auraient été déportées sur le service de dermatologie, avec interdiction d'utiliser les hospitalisations de jour et conventionnelles de son ancien service.
La mission d'appui, de soutien et d'accompagnement menée au second semestre 2024 par la médiatrice nationale, Danielle Toupillier, ayant une nouvelle fois échoué, le Pr Guilpain a effectué le 8 décembre 2024 un signalement au titre de l'article 40, pour harcèlement moral, auprès de Geneviève Darrieussecq et Patrick Hetzel, alors respectivement ministre de la santé et ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.
"Je n'ai désormais plus de service, plus de moyens médicaux (pas d'internes, pas de chef de clinique-assistant, pas de praticien hospitalier)", a-t-il écrit dans ce document qu'APMnews a pu consulter.
"Je suis administrativement rattaché au service de médecine vasculaire […] avec quatre lits d'hospitalisation de semaine et des moyens paramédicaux, mais que je ne peux de toute évidence pas utiliser faute de moyens médicaux", a-t-il continué, jugeant cette structure "non fonctionnelle".
Evoquant une "pression majeure exercée par le CHU" contre lui, le Pr Guilpain a déclaré avoir dû se mettre en arrêt maladie pendant près d'un mois à deux reprises, en 2023 et 2024.
La plainte contre X pour harcèlement moral qu'il dépose finalement en février vise de nombreuses personnes (directrice générale, PCME, chef de service, chef de pôle ou encore plusieurs médecins du service de médecine interne), mais "la justice aura à préciser" les responsables, a-t-il ajouté.
Des PU-PH en proie à des "difficultés managériales"
En réaction aux premiers témoignages des deux anciens chefs de service dans la presse locale, la direction du CHU a d'abord partagé le 19 février un long communiqué de presse contestant l'intégralité des accusations.
Elle a évoqué des destitutions de service liées à des "difficultés managériales" constatées et a assuré que l'exercice des activités médicales et universitaire des deux PU-PH se faisait actuellement "sans aucun empêchement".
"Le Pr Guilpain a été soutenu et accompagné de manière constante et attentive par la direction de l'établissement ainsi que par les professionnels médicaux et non médicaux de son service, qu'il n'a pourtant pas hésité à mettre en cause", peut-on lire.
Afin de rétablir une qualité relationnelle "apaisée" au sein de son service, la direction a rappelé l'organisation de deux médiations, une régionale et une nationale. "Malgré le temps et les efforts déployés, ces démarches n'ont pu aboutir, le Pr Guilpain s'obstinant à refuser les termes qui lui étaient proposés", a pointé la direction.
Celle-ci a également relevé que les Prs Guilpain et Sebbane ayant mis en cause plusieurs professionnels de leurs services dans leurs signalements, des modalités d'exercice différenciées ont dû être introduites afin de maintenir des conditions sereines de travail.
Lors d'un entretien mardi avec APMnews, Anne Ferrer a "récusé tous les termes utilisés par ces deux praticiens".
"On déploie une culture de qualité relationnelle", a-t-elle répété, se référant au groupe "Bien-être au travail" en place à l'hôpital, aux médiations ou au coaching proposés. "L'écrasante majorité des nouveaux chefs de pôles, renouvelés en janvier 2024, ont soutenu le projet managérial du CHU", a-t-elle ajouté.
Anne Ferrer a par ailleurs souligné la complexité de la situation, qui lui laisserait peu de moyens d'action: de nombreux membres de la gouvernance du CHU mais aussi des services concernés étant visés par les signalements des deux PU-PH, plusieurs personnes, dont elle-même, ont dû se déporter de la gestion de ces anciens chefs de services.
En parallèle, les deux praticiens ont "bénéficié d'une affectation dans des unités les séparant des professionnels mis en cause, ces derniers ayant également vocation à être protégés".
Une protection professionnelle a ainsi été accordée aux deux PU-PH mais aussi à l'ensemble des membres de leurs services. "Ce n'est pas un geste anodin […] cela inclut un soutien psychologique", a complété Anne Ferrer durant la conférence de jeudi.
La directrice générale a fait savoir qu'une enquête interne, portant sur les accusations de harcèlement moral aux urgences et supervisée par la nouvelle directrice générale adjointe et par un cabinet de conseil extérieur, était en cours. Une trentaine de personnes devraient être auditionnées.
La CME en soutien à la direction
Dans un autre long communiqué paru lundi, c'est la CME qui a tenu à démentir les propos des PU-PH, qui auraient "choqu[é] un grand nombre des membres de la communauté médicale du CHU".
"Les difficultés des Prs Sebbane et Guilpain relèvent d'abord de conflits entre médecins, au sein de leurs services respectifs, qu'ils dirigeaient à l'époque suivant un management qualifié d'inadapté, à l'origine de nombreuses démissions de médecins seniors, d'une baisse d'attractivité des internes et d'un malaise général exprimé par les médecins de ces services", est-il mis en avant.
"Ces difficultés sont parfaitement étrangères à un prétendu management toxique exercé par l'institution", selon la CME. Là encore, les efforts de la direction en matière d'accompagnement ont été vantés.
Ce communiqué comprend également un message de l'équipe managériale du service des urgences, qui a estimé que "les prétendues méthodes de management toxiques de la direction évoquées dans la presse par le Pr Sebbane ne correspondent pas à la réalité".
Egalement sollicitée par la CME, l'équipe managériale du service de médecine interne et immunologie clinique du CHU a souhaité "témoigner sa confiance dans la gouvernance et son soutien, face aux attaques qu'elle subit".
"Le Pr Guilpain s'est vu confier cette responsabilité pendant un mandat. A l'issue de ce dernier, les praticiens titulaires de l'équipe médicale ont proposé à l'unanimité un autre projet de service au vu des difficultés relationnelles et managériales" du PU-PH, est-il avancé.
Lors de la conférence de presse de jeudi, plusieurs membres de la gouvernance ont insisté sur l'importance d'avoir l'adhésion de la majorité des professionnels d'un service afin d'en prendre la tête, ce qui aurait fait défaut aux Prs Guilpain et Sebbane.
Les actuels chefs de service ont rejeté l'idée d'"homme providentiel" qui ressortirait, selon eux, des propos des deux PU-PH. "On travaille en équipe", ont-ils rétorqué.
Le PCME et les chefs des services concernés ont fait part de la "tristesse" des équipes visées mais aussi de leur "indignation et sidération". Les accusations de manipulation de certains praticiens hospitaliers par la gouvernance ont en outre été jugées "incroyablement méprisantes".
La direction a de plus voulu réfuter l'impression d'un malaise qui toucherait de nombreux PU-PH du CHU: ces deux professionnels représentent "une très grande minorité" sur les 150 à 180 PU-PH présents à l'hôpital montpelliérain.
mg/san/ab/APMnews
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VISÉE PAR TROIS PLAINTES, LA GOUVERNANCE DU CHU DE MONTPELLIER RÉCUSE LES ACCUSATIONS DE HARCÈLEMENT MORAL
Depuis février 2024, trois plaintes ont été déposées au pénal contre X pour harcèlement moral par des professeurs des universités-praticiens hospitaliers (PU-PH) du CHU de Montpellier et une quatrième est sur le point d'être finalisée, a appris APMnews à la suite des premières révélations faites le 20 février par France 3 Occitanie. Interrogée mardi, la directrice générale, Anne Ferrer, récuse l'ensemble des accusations et soutient qu'un accompagnement adapté a été proposé à tous les professionnels qui en avaient besoin.
Dans une conférence de presse tenue jeudi, le CHU a confirmé qu'une enquête judiciaire avait été ouverte et que certains membres de la gouvernance du CHU, qui "se tiennent à la disposition de la justice", seraient entendus à partir du printemps.
La première plainte date de février 2024, tandis que deux nouvelles ont été formulées en janvier et février 2025. L'un des PU-PH aurait aussi porté plainte pour diffamation non publique à l'encontre de la directrice générale du CHU, note-t-on.
Pour le Pr Mustapha Sebbane, ancien chef de service des urgences de l'hôpital montpelliérain évoluant désormais au service de régulation du 15, le problème de gouvernance remonterait à 2018.
"J'ai été destitué de la chefferie de service le 11 mai 2022 […] mais j'étais harcelé par la gouvernance depuis bien avant", a décrit celui qui devrait déposer prochainement la quatrième plainte, et qu'APMnews a pu joindre mercredi.
Il se serait notamment attiré les "foudres" du président de la commission médicale d'établissement (PCME) après avoir demandé à plusieurs reprises un scanner et critiqué la réorganisation du service. En réponse, la gouvernance du CHU a évoqué jeudi l'existence de problèmes liés à la déclaration des événements indésirables graves (EIG).
"A la rigueur, perdre une chefferie, ce n'est pas grave", a relativisé Mustapha Sebbane, partageant néanmoins son amertume alors qu'"il a géré le service des urgences de 8h à minuit pendant tout le Covid".
Il a surtout accusé le CHU d'avoir par la suite "détruit [s]on environnement de travail", en mettant en place un "système d'exclusion insidieux".
Les praticiens hospitaliers qui travaillaient autour de lui et le soutenaient auraient été "poussés au départ", et "il ne gère plus aucun thésard depuis 2022" alors qu'il en encadrait auparavant "une dizaine en moyenne" par an. Plus généralement, il s'est dit exclu des boucles de communication, notant que son nom même est absent de la feuille à en-tête du service.
S'agissant des urgences, le Pr Sebbane s'est inquiété d'un manque d'encadrement des internes, externes et docteurs juniors -fonction qu'il lui aurait été retirée. Ces derniers seraient supervisés par "de jeunes médecins qui n'ont pas les compétences". "Cela devient un service dangereux", a-t-il alerté.
Par conséquent, le PU-PH a fait deux signalements au titre de l'article 40 du code de procédure pénale auprès du procureur de la République de Montpellier, en octobre 2024 et janvier 2025, au motif de l'existence d'un "risque létal" pour les patients.
Une éviction "basée sur des rumeurs"
Pour le Pr Philippe Guilpain, ancien chef de service en médecine interne et spécialiste des maladies rares et chroniques, les premiers germes du harcèlement remonteraient aussi à 2018-2019, mais "les grosses difficultés apparaissent en août 2023, dans un contexte où les internes se sont mis à boycotter [s]on service", en raison d'un volume d'horaires effectué jugé trop important.
Par la suite, le Pr Guilpain aurait fait l'objet d'"attaques répétées" par la gouvernance. "Mes propositions étaient contestées, je n'étais pas concerté sur des initiatives qui concernaient mon service, j'étais court-circuité sur la recherche…", a-t-il énuméré.
Face à ces tensions, il aurait demandé une médiation régionale, menée entre fin 2023 et début 2024, qui n'a pas abouti à un accord signé par l'ensemble des parties, le PU-PH contestant l'impartialité de cette médiation et la pertinence de ses conclusions.
Tandis que la direction du CHU évoque son "non-renouvellement" à la tête du service, qui serait une conséquence de cette médiation avortée, lui juge qu'il s'agit d'une "pure et simple éviction […] basée sur des rumeurs".
"Le 27 février 2024, la directrice générale m'annonce […] que je dois quitter mon poste car je ne m'entendrais plus avec les autres collègues, alors qu'il n'y avait que deux personnes avec lesquelles j'étais en conflit à ce moment", a-t-il fait valoir. Jeudi, la gouvernance a justifié cette décision en raison "des énormes difficultés rencontrées durant les quatre années" où il était à la tête du service.
Dans la foulée, le volume horaire de ses consultations aurait été réduit et elles auraient été déportées sur le service de dermatologie, avec interdiction d'utiliser les hospitalisations de jour et conventionnelles de son ancien service.
La mission d'appui, de soutien et d'accompagnement menée au second semestre 2024 par la médiatrice nationale, Danielle Toupillier, ayant une nouvelle fois échoué, le Pr Guilpain a effectué le 8 décembre 2024 un signalement au titre de l'article 40, pour harcèlement moral, auprès de Geneviève Darrieussecq et Patrick Hetzel, alors respectivement ministre de la santé et ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.
"Je n'ai désormais plus de service, plus de moyens médicaux (pas d'internes, pas de chef de clinique-assistant, pas de praticien hospitalier)", a-t-il écrit dans ce document qu'APMnews a pu consulter.
"Je suis administrativement rattaché au service de médecine vasculaire […] avec quatre lits d'hospitalisation de semaine et des moyens paramédicaux, mais que je ne peux de toute évidence pas utiliser faute de moyens médicaux", a-t-il continué, jugeant cette structure "non fonctionnelle".
Evoquant une "pression majeure exercée par le CHU" contre lui, le Pr Guilpain a déclaré avoir dû se mettre en arrêt maladie pendant près d'un mois à deux reprises, en 2023 et 2024.
La plainte contre X pour harcèlement moral qu'il dépose finalement en février vise de nombreuses personnes (directrice générale, PCME, chef de service, chef de pôle ou encore plusieurs médecins du service de médecine interne), mais "la justice aura à préciser" les responsables, a-t-il ajouté.
Des PU-PH en proie à des "difficultés managériales"
En réaction aux premiers témoignages des deux anciens chefs de service dans la presse locale, la direction du CHU a d'abord partagé le 19 février un long communiqué de presse contestant l'intégralité des accusations.
Elle a évoqué des destitutions de service liées à des "difficultés managériales" constatées et a assuré que l'exercice des activités médicales et universitaire des deux PU-PH se faisait actuellement "sans aucun empêchement".
"Le Pr Guilpain a été soutenu et accompagné de manière constante et attentive par la direction de l'établissement ainsi que par les professionnels médicaux et non médicaux de son service, qu'il n'a pourtant pas hésité à mettre en cause", peut-on lire.
Afin de rétablir une qualité relationnelle "apaisée" au sein de son service, la direction a rappelé l'organisation de deux médiations, une régionale et une nationale. "Malgré le temps et les efforts déployés, ces démarches n'ont pu aboutir, le Pr Guilpain s'obstinant à refuser les termes qui lui étaient proposés", a pointé la direction.
Celle-ci a également relevé que les Prs Guilpain et Sebbane ayant mis en cause plusieurs professionnels de leurs services dans leurs signalements, des modalités d'exercice différenciées ont dû être introduites afin de maintenir des conditions sereines de travail.
Lors d'un entretien mardi avec APMnews, Anne Ferrer a "récusé tous les termes utilisés par ces deux praticiens".
"On déploie une culture de qualité relationnelle", a-t-elle répété, se référant au groupe "Bien-être au travail" en place à l'hôpital, aux médiations ou au coaching proposés. "L'écrasante majorité des nouveaux chefs de pôles, renouvelés en janvier 2024, ont soutenu le projet managérial du CHU", a-t-elle ajouté.
Anne Ferrer a par ailleurs souligné la complexité de la situation, qui lui laisserait peu de moyens d'action: de nombreux membres de la gouvernance du CHU mais aussi des services concernés étant visés par les signalements des deux PU-PH, plusieurs personnes, dont elle-même, ont dû se déporter de la gestion de ces anciens chefs de services.
En parallèle, les deux praticiens ont "bénéficié d'une affectation dans des unités les séparant des professionnels mis en cause, ces derniers ayant également vocation à être protégés".
Une protection professionnelle a ainsi été accordée aux deux PU-PH mais aussi à l'ensemble des membres de leurs services. "Ce n'est pas un geste anodin […] cela inclut un soutien psychologique", a complété Anne Ferrer durant la conférence de jeudi.
La directrice générale a fait savoir qu'une enquête interne, portant sur les accusations de harcèlement moral aux urgences et supervisée par la nouvelle directrice générale adjointe et par un cabinet de conseil extérieur, était en cours. Une trentaine de personnes devraient être auditionnées.
La CME en soutien à la direction
Dans un autre long communiqué paru lundi, c'est la CME qui a tenu à démentir les propos des PU-PH, qui auraient "choqu[é] un grand nombre des membres de la communauté médicale du CHU".
"Les difficultés des Prs Sebbane et Guilpain relèvent d'abord de conflits entre médecins, au sein de leurs services respectifs, qu'ils dirigeaient à l'époque suivant un management qualifié d'inadapté, à l'origine de nombreuses démissions de médecins seniors, d'une baisse d'attractivité des internes et d'un malaise général exprimé par les médecins de ces services", est-il mis en avant.
"Ces difficultés sont parfaitement étrangères à un prétendu management toxique exercé par l'institution", selon la CME. Là encore, les efforts de la direction en matière d'accompagnement ont été vantés.
Ce communiqué comprend également un message de l'équipe managériale du service des urgences, qui a estimé que "les prétendues méthodes de management toxiques de la direction évoquées dans la presse par le Pr Sebbane ne correspondent pas à la réalité".
Egalement sollicitée par la CME, l'équipe managériale du service de médecine interne et immunologie clinique du CHU a souhaité "témoigner sa confiance dans la gouvernance et son soutien, face aux attaques qu'elle subit".
"Le Pr Guilpain s'est vu confier cette responsabilité pendant un mandat. A l'issue de ce dernier, les praticiens titulaires de l'équipe médicale ont proposé à l'unanimité un autre projet de service au vu des difficultés relationnelles et managériales" du PU-PH, est-il avancé.
Lors de la conférence de presse de jeudi, plusieurs membres de la gouvernance ont insisté sur l'importance d'avoir l'adhésion de la majorité des professionnels d'un service afin d'en prendre la tête, ce qui aurait fait défaut aux Prs Guilpain et Sebbane.
Les actuels chefs de service ont rejeté l'idée d'"homme providentiel" qui ressortirait, selon eux, des propos des deux PU-PH. "On travaille en équipe", ont-ils rétorqué.
Le PCME et les chefs des services concernés ont fait part de la "tristesse" des équipes visées mais aussi de leur "indignation et sidération". Les accusations de manipulation de certains praticiens hospitaliers par la gouvernance ont en outre été jugées "incroyablement méprisantes".
La direction a de plus voulu réfuter l'impression d'un malaise qui toucherait de nombreux PU-PH du CHU: ces deux professionnels représentent "une très grande minorité" sur les 150 à 180 PU-PH présents à l'hôpital montpelliérain.
mg/san/ab/APMnews