Actualités de l'Urgence - APM

YANNICK NEUDER RÉAFFIRME SON OPPOSITION À UN NUMÉRO UNIQUE D'URGENCE
PARIS, 5 juin 2025 (APMnews) - Les conditions pour la mise en place d'un numéro unique d'urgence ne sont "pas réunies", a affirmé jeudi le ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins, Yannick Neuder, en voulant ainsi rassurer le public du congrès Urgences 2025.
C'est l'ancien chef du Samu de Paris et président du Conseil national de l'urgence hospitalière (CNUH), le Pr Pierre Carli, qui a été le premier à mettre le sujet sur la table. Il a évoqué un "contexte de tension" en raison d'un projet de loi porté par le ministère de l'intérieur à la suite du "Beauvau de la sécurité civile" (le chantier engagé en avril 2024 pour "repenser en profondeur notre modèle français de sécurité civile dans un contexte de multiplication des crises et d'évolution des risques", rappelle le ministère sur son site).
"Cette tension existe encore dans le système préhospitalier, on parle de la nouvelle loi, cette proposition qui nous amènerait un numéro unique, des centres communs", a ainsi rapporté le Pr Carli. "Ce dogme nous le connaissons depuis plus de 20 ans et ça ne marche pas, ça ne marchera pas en France, comme dans beaucoup d'autres pays, si on ne sait pas l'adapter ou l'aménager."
Après avoir défendu le service d'accès aux soins (SAS), mesure phare du "pacte de refondation des urgences" initié par Agnès Buzyn en 2019 (cf dépêche du 09/09/2019 à 20:11), l'ancien directeur du Samu de Paris a mis en garde contre une nouvelle passe d'armes entre les acteurs de l'aide médicale urgente (AMU) et de la sécurité civile: "Démédicaliser ce système, surtout en préhospitalier, serait une erreur et de l'opportunisme un peu dangereux."
Dans le sillage de ses prises de position lors de l'examen de la proposition de loi "portant création du cadre d'emploi des personnels de santé des services d'incendie et de secours", dite "Grelier", actuellement en deuxième lecture à l'Assemblée nationale, le ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins, Yannick Neuder a réaffirmé mercredi devant les représentants des urgences hospitalières publiques qu'il n'accepterait "aucune remise en cause du cadre de l'aide médicale urgente".
"Je sais que la question des expérimentations prévues dans la loi dite Matras autour d'un numéro unique d'urgence vous préoccupe", a-t-il poursuivi, en évoquant cette fois la loi "visant à consolider notre modèle de sécurité civile et valoriser le volontariat des sapeurs-pompiers et les sapeurs-pompiers professionnels" (cf dépêche du 26/11/2021 à 10:52).
Ce texte paru en novembre 2021 prévoyait l'expérimentation d'un numéro unique de secours en essayant trois scénarios:
- le premier rassemble les SIS, les services de police et de gendarmerie nationale et les services d'aide médicale urgente (Samu) "en lien avec la garde ambulancière, la permanence des soins et, lorsqu'elles réalisent des missions pour le compte des services d'incendie et de secours, les associations agréées de sécurité civile"
- le deuxième reprend les mêmes acteurs "hors 17 'police-secours'"
- le troisième teste "de manière autonome le regroupement du 15 et de la permanence des soins et leur interconnexion avec les autres services d'urgence".
"Le ministère de la santé s'est pleinement mobilisé dans ces expérimentations qui s'étaient mises en place", a assuré Yannick Neuder. "L'objectif était de tester différents scénarios et nous nous devons d'en tirer tous les enseignements, notamment en termes de limites opérationnelles constatées sur le terrain."
Les expérimentations Matras au point mort
Selon les échos recueillis par APMnews, ces expérimentations seraient en réalité au point mort depuis plusieurs mois, tout comme le groupe de contact "médecins urgentistes hospitaliers/sapeurs-pompiers" créé en 2022 (cf dépêche du 23/09/2022 à 16:48 et dépêche du 13/07/2023 à 12:27).
"Si je suis favorable à une plus grande collaboration entre Samu et Sdis, cela ne doit jamais, et je dis bien 'jamais', se faire au prix de l'efficacité de la réponse que nous apportons aux patients et aux victimes", a martelé le ministre.
"Le numéro unique est donc une idée séduisante sur le papier, mais elle impose une rupture organisationnelle majeure", a-t-il poursuivi avant de s'attirer les applaudissements nourris de son auditoire en ajoutant: "Force est de constater qu'aujourd'hui les conditions ne sont pas réunies pour aller beaucoup plus loin sur ce sujet."
Yannick Neuder a appelé à "avancer là où c'est faisable", en évoquant "les plateformes communes qui réunissent localement pompiers et urgentistes peuvent être une solution", en précisant que cela devait être conduit "uniquement là où il y a des volontés locales, où c'est pertinent et efficient".
"D'autres solutions existent, comme l'interconnexion des systèmes d'appels, qui peut être une solution efficace, sans pour autant fusionner les dispositifs", a complété le ministre sous de nouveaux applaudissements.
Alors que la présidente de la Société française de médecine d'urgence (Sfmu), le Pr Sandrine Charpentier (cf dépêche du 28/06/2023 à 13:01) avait précédemment rappelé la promesse non tenue du président de la République, Emmanuel Macron, en avril 2023, que tous les services d'urgence soient désengorgés pour fin 2024 (cf dépêche du 17/04/2023 à 21:04), le ministre a promis "une nouvelle phase de désengorgement des urgences, qui est celle de la gestion des solutions d'aval".
Tout en saluant les mesures déjà engagées à ce sujet -hospitalisations directes, médicalisation des Ehpad, développement des centres d'accueil de crise (CAC) pour la psychiatrie-, Yannick Neuder a jugé qu'il fallait désormais "fluidifier les parcours" et résorber le problème des "bed-blockers", en évoquant "des solutions concrètes et opérationnelles qui nécessitent un décloisonnement du sanitaire et du médico-social".
Une feuille de route stratégique de l'aval
Le ministre a annoncé à ce sujet "la construction d'une feuille de route stratégique de l'aval" s'inspirant des nombreuses initiatives qui existent sur le terrain.
"Dans les prochaines semaines, je désignerai les personnes qualifiées issues des urgences et de l'hôpital", a fait savoir le ministre, en prenant pour exemple la mission d'accompagnement pour la généralisation du SAS (cf dépêche du 28/04/2023 à 16:10): "Je leur confierai la mission d'identifier ces mesures que nous pourrons accompagner dans le cadre d'un plan national".
De son côté, Pierre Carli avait précédemment appelé à "mettre au centre de ce dispositif la personne qui souffre le plus actuellement, le patient âgé polypathologique".
Lors de cette conférence plénière, le président de Samu-Urgences de France (SUdF) a identifié trois sujets sur lesquels les urgentistes attendent "de réelles avancées": l'aval des urgences, le développement et l'accompagnement des Samu-SAS, notamment en matière de ressources, et la reconnaissance de la pénibilité du métier d'urgentiste.
gl/san/APMnews
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YANNICK NEUDER RÉAFFIRME SON OPPOSITION À UN NUMÉRO UNIQUE D'URGENCE
PARIS, 5 juin 2025 (APMnews) - Les conditions pour la mise en place d'un numéro unique d'urgence ne sont "pas réunies", a affirmé jeudi le ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins, Yannick Neuder, en voulant ainsi rassurer le public du congrès Urgences 2025.
C'est l'ancien chef du Samu de Paris et président du Conseil national de l'urgence hospitalière (CNUH), le Pr Pierre Carli, qui a été le premier à mettre le sujet sur la table. Il a évoqué un "contexte de tension" en raison d'un projet de loi porté par le ministère de l'intérieur à la suite du "Beauvau de la sécurité civile" (le chantier engagé en avril 2024 pour "repenser en profondeur notre modèle français de sécurité civile dans un contexte de multiplication des crises et d'évolution des risques", rappelle le ministère sur son site).
"Cette tension existe encore dans le système préhospitalier, on parle de la nouvelle loi, cette proposition qui nous amènerait un numéro unique, des centres communs", a ainsi rapporté le Pr Carli. "Ce dogme nous le connaissons depuis plus de 20 ans et ça ne marche pas, ça ne marchera pas en France, comme dans beaucoup d'autres pays, si on ne sait pas l'adapter ou l'aménager."
Après avoir défendu le service d'accès aux soins (SAS), mesure phare du "pacte de refondation des urgences" initié par Agnès Buzyn en 2019 (cf dépêche du 09/09/2019 à 20:11), l'ancien directeur du Samu de Paris a mis en garde contre une nouvelle passe d'armes entre les acteurs de l'aide médicale urgente (AMU) et de la sécurité civile: "Démédicaliser ce système, surtout en préhospitalier, serait une erreur et de l'opportunisme un peu dangereux."
Dans le sillage de ses prises de position lors de l'examen de la proposition de loi "portant création du cadre d'emploi des personnels de santé des services d'incendie et de secours", dite "Grelier", actuellement en deuxième lecture à l'Assemblée nationale, le ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins, Yannick Neuder a réaffirmé mercredi devant les représentants des urgences hospitalières publiques qu'il n'accepterait "aucune remise en cause du cadre de l'aide médicale urgente".
"Je sais que la question des expérimentations prévues dans la loi dite Matras autour d'un numéro unique d'urgence vous préoccupe", a-t-il poursuivi, en évoquant cette fois la loi "visant à consolider notre modèle de sécurité civile et valoriser le volontariat des sapeurs-pompiers et les sapeurs-pompiers professionnels" (cf dépêche du 26/11/2021 à 10:52).
Ce texte paru en novembre 2021 prévoyait l'expérimentation d'un numéro unique de secours en essayant trois scénarios:
- le premier rassemble les SIS, les services de police et de gendarmerie nationale et les services d'aide médicale urgente (Samu) "en lien avec la garde ambulancière, la permanence des soins et, lorsqu'elles réalisent des missions pour le compte des services d'incendie et de secours, les associations agréées de sécurité civile"
- le deuxième reprend les mêmes acteurs "hors 17 'police-secours'"
- le troisième teste "de manière autonome le regroupement du 15 et de la permanence des soins et leur interconnexion avec les autres services d'urgence".
"Le ministère de la santé s'est pleinement mobilisé dans ces expérimentations qui s'étaient mises en place", a assuré Yannick Neuder. "L'objectif était de tester différents scénarios et nous nous devons d'en tirer tous les enseignements, notamment en termes de limites opérationnelles constatées sur le terrain."
Les expérimentations Matras au point mort
Selon les échos recueillis par APMnews, ces expérimentations seraient en réalité au point mort depuis plusieurs mois, tout comme le groupe de contact "médecins urgentistes hospitaliers/sapeurs-pompiers" créé en 2022 (cf dépêche du 23/09/2022 à 16:48 et dépêche du 13/07/2023 à 12:27).
"Si je suis favorable à une plus grande collaboration entre Samu et Sdis, cela ne doit jamais, et je dis bien 'jamais', se faire au prix de l'efficacité de la réponse que nous apportons aux patients et aux victimes", a martelé le ministre.
"Le numéro unique est donc une idée séduisante sur le papier, mais elle impose une rupture organisationnelle majeure", a-t-il poursuivi avant de s'attirer les applaudissements nourris de son auditoire en ajoutant: "Force est de constater qu'aujourd'hui les conditions ne sont pas réunies pour aller beaucoup plus loin sur ce sujet."
Yannick Neuder a appelé à "avancer là où c'est faisable", en évoquant "les plateformes communes qui réunissent localement pompiers et urgentistes peuvent être une solution", en précisant que cela devait être conduit "uniquement là où il y a des volontés locales, où c'est pertinent et efficient".
"D'autres solutions existent, comme l'interconnexion des systèmes d'appels, qui peut être une solution efficace, sans pour autant fusionner les dispositifs", a complété le ministre sous de nouveaux applaudissements.
Alors que la présidente de la Société française de médecine d'urgence (Sfmu), le Pr Sandrine Charpentier (cf dépêche du 28/06/2023 à 13:01) avait précédemment rappelé la promesse non tenue du président de la République, Emmanuel Macron, en avril 2023, que tous les services d'urgence soient désengorgés pour fin 2024 (cf dépêche du 17/04/2023 à 21:04), le ministre a promis "une nouvelle phase de désengorgement des urgences, qui est celle de la gestion des solutions d'aval".
Tout en saluant les mesures déjà engagées à ce sujet -hospitalisations directes, médicalisation des Ehpad, développement des centres d'accueil de crise (CAC) pour la psychiatrie-, Yannick Neuder a jugé qu'il fallait désormais "fluidifier les parcours" et résorber le problème des "bed-blockers", en évoquant "des solutions concrètes et opérationnelles qui nécessitent un décloisonnement du sanitaire et du médico-social".
Une feuille de route stratégique de l'aval
Le ministre a annoncé à ce sujet "la construction d'une feuille de route stratégique de l'aval" s'inspirant des nombreuses initiatives qui existent sur le terrain.
"Dans les prochaines semaines, je désignerai les personnes qualifiées issues des urgences et de l'hôpital", a fait savoir le ministre, en prenant pour exemple la mission d'accompagnement pour la généralisation du SAS (cf dépêche du 28/04/2023 à 16:10): "Je leur confierai la mission d'identifier ces mesures que nous pourrons accompagner dans le cadre d'un plan national".
De son côté, Pierre Carli avait précédemment appelé à "mettre au centre de ce dispositif la personne qui souffre le plus actuellement, le patient âgé polypathologique".
Lors de cette conférence plénière, le président de Samu-Urgences de France (SUdF) a identifié trois sujets sur lesquels les urgentistes attendent "de réelles avancées": l'aval des urgences, le développement et l'accompagnement des Samu-SAS, notamment en matière de ressources, et la reconnaissance de la pénibilité du métier d'urgentiste.
gl/san/APMnews