Alcool éthylique : Conduite à tenir
Connaître
- La quantité d'alcool ingérée
- Le poids de l'intoxiqué, son âge
- L'alcoolémie théorique (cf. Notions
générales)
- Le délai d'ingestion : le pic maximum de l'alcoolémie
sanguine est atteint 30 à 45 minutes après l'ingestion.
L'alcoolémie décroît de 0,15 à 0,20
g/L par heure (métabolisme saturable)
- L'état d'ivresse chez un buveur occasionnel ou au
contraire dépendant
La surveillance et le pronostic
S'appuient sur 5 éléments fondamentaux à
évaluer à l'entrée et au cours de l'évolution
- Insuffisance respiratoire (dépression nerveuse centrale,
inhalation, encombrement...)
- Collapsus habituellement vasoplégique, rarement cardiogénique
- Hypothermie
- Acidose métabolique par accumulation d'acide lactique
- Hypoglycémie : elle doit être recherchée
systématiquement chez tout sujet en état d'intoxication
aiguë. Elle survient 5 à 12 heures après l'ingestion,
donc souvent après la phase aiguë de l'intoxication
alors que l'alcoolémie est abaissée ("hypoglycémie
post-alcoolique"). Elle se traduit par un coma hypertonique
avec quelques phases d'excitation, réflexes vifs, convulsions,
signe de Babinski dans un quart des cas. L'odeur de l'haleine
est acétonique.
L'évolution est favorable si le diagnostic est établi
et le traitement effectué (sérum glucosé)
- Si ces 5 éléments sont absents, le sujet se
réveillera sans problème quelques heures plus tard,
amnésique de son ivresse
- S'ils sont présents, ils conditionnent l'évolution
et peuvent être responsables du décès
Surveillance
Précise, orientée sur l'évaluation de
l'état clinique et des 5 éléments précités
- Etat respiratoire : rythme respiratoire, radiographie pulmonaire
- Etat cardiovasculaire (pression artérielle, fréquence
cardiaque)
- Température centrale
- Gaz du sang (pH), ionogramme, acide lactique, glycémie,
CPK
- Alcoolémie à l'entrée, et 5 heures après
l'ingestion
- La mesure de l'osmolarité sanguine montre la présence
d'un trou osmolaire (différence entre osmolarité
mesurée et calculée)
- Recherche de toxiques si doute sur une association médicamenteuse
Examens à répéter selon l'état
clinique.
Si l'ensemble est satisfaisant
- Abstention thérapeutique et surveillance
- Se rappeler qu'une "cuite" chez un éthylique
chronique peut être suivie d'un syndrome de sevrage, nécessitant
une intervention thérapeutique prévue et adaptée
Si l'état clinique est grave : traitement symptomatique
- Réanimation cardiovasculaire et respiratoire
- Correction du collapsus
(remplissage)
- Correction de l'hypothermie
- Correction de l'acidose
- Correction de l'hypoglycémie (perfusion de glucosé
hypertonique à 10% ou 30%)
- Vitamines B1, B6 (500 mg de B1 IV lente ou IM, 250 mg de
B6 IV lente ou IM)
- Traitement d'un syndrome infectieux ; l'inhalation
trachéobronchique est fréquente
- Devant une agitation, une agressivité : usage prudent
des benzodiazépines, contre-indication des opiacés
et des barbituriques, utilisation possible de certains neuroleptiques
(loxapine)
- Rechercher une association alcool-médicament
- Indication théorique d'épuration
extra-rénale si alcoolémie > 6 g/L
Chez l'enfant
Pour une intoxication modérée d'une gorgée
d'eau de Cologne ou autre préparation alcoolisée,
parfum, eau de toilette, sans signe clinique, faire boire de
l'eau sucrée (3 à 4 sucres dans un 1/2 verre d'eau).
Surveiller l'apparition de signes d'ébriété
ou d'une somnolence.
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diagnostiques
Réalisé sous la direction
du Pr Vincent Danel, Université Grenoble Alpes
Dernière révision : Novembre 2017