Admission directe en soins intensifs à partir des urgences et mortalité chez les patients suivis pour une hémopathie maligne

Diffusé le 16/10/2020

Olivier Peyrony (1), Sylvie Chevret (2), Anne-Pascale Meert (3), Pierre Perez (4), Achille Kouatchet (5), Frédéric Pène (6), Djamel Mokart (7), Elie Azoulay (8)

1. Service des Urgences, Hôpital Saint-Louis, Paris, France
2. Service de Biostatistiques et d'Information Médicale, Hôpital Saint-Louis, Paris, France
3. Service de Médecine Interne, Soins Intensifs et Urgences Oncologiques, Institut Jules Bordet, Bruxelles, Belgique
4. Service de Médecine Intensive et Réanimation, Hôpital Brabois, Vandoeuvre Les Nancy, Nancy, France
5. Service de Médecine Intensive et Réanimation, Centre hospitalier régional universitaire d'Angers, Angers, France
6. Service de Médecine Intensive et Réanimation, Hôpital Cochin, Paris, France
7. Service de Médecine Intensive et Réanimation, Institut Paoli Calmettes, Marseille, France
8. Service de Médecine Intensive et Réanimation, Hôpital Saint-Louis, Paris, France

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Introduction : Un retard dans la prise en charge des patients suivis pour une hémopathie maligne (HM) et présentant des défaillances d'organe ou des dérangements physiologiques peut être délétère. Le but de cette étude était d'évaluer le bénéfice d'une admission directe en unité de soins intensifs (USI) à partir d'une structure d'urgence (SU) par rapport à une admission retardée à partir des étages, chez les patients avec une HM.
Matériel et Méthode : Analyse post-hoc à partir d'une étude de cohorte multicentrique prospective portant sur 1011 patients adultes avec une HM admis dans 17 USI en Belgique et en France de janvier 2010 à mai 2011. La variable d'intérêt était une admission directe en USI à partir d'une SU et le critère de jugement principal (CJP) était la mortalité hospitalière. L'association entre la variable d'intérêt et le CJP a été évaluée par régression logistique multivariée après imputation multiple des données manquantes (DM). Plusieurs analyses de sensibilité ont été effectuées: une analyse sur cas complets avant imputation des DM, un appariement sur score de propension et une analyse de survie à 90 jours suivant l'admission en USI par modèle de Cox et calcul des Hazards-Ratio (HR).
Résultats : Trois patients ont été exclus compte tenu d'une DM sur le CJP. Parmi les 266 (26,4%) admis directement en USI à partir d'une SU, 84 (31,6%) sont décédés à l'hôpital, contre 311 (41,9%) chez les 742 patients admis en USI à partir des étages. Après ajustement, l'admission directe en USI était associée à une diminution de la mortalité hospitalière (OR ajusté: 0,63; IC à 95% de 0,45 à 0,88). Cela a été confirmé par l'analyse sur cas complets (OR ajusté: 0,64; IC 95%: 0,45-0,92) ainsi que par l'analyse de survie à 90 jours (HR ajusté: 0,77; IC 95%: 0,60-0,99). En revanche, dans l'échantillon des 402 patients appariés sur score de propension, l'admission directe n'était pas associée à la mortalité hospitalière (OR ajusté: 0,92; IC à 95%: 0,84-1,01).
Conclusions : Dans cette étude, la mortalité hospitalière des patients atteints d'HM admis en USI était diminuée lorsqu'ils étaient admis directement à partir des urgences plutôt qu'à partir des étages. L'évaluation des prédicteurs précoces de mauvais pronostic chez les patients cancéreux aux urgences est cruciale pour permettre une admission précoce en USI et éviter ainsi les retards dans l'initiation des traitements et une orientation erronée.
Tags : Admission directe hémopathie maligne soins intensifs mortalité urgences
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