Évaluation de l'évolution des compétences infirmières aux urgences

Introduction : En septembre 2019, la Ministre de la Santé, a annoncé les créations futures d'un diplôme en pratiques avancées infirmiers aux urgences et de protocoles de coopération, ouvrant la pratique aux prescriptions infirmières d'imagerie et aux sutures. Nous avons souhaité évaluer les pratiques existantes au sein des services d'urgences et nous nous sommes interrogés sur l'intérêt des infirmiers pour cet élargissement des compétences.
Méthode : Nous avons mené une enquête multicentrique anonyme auprès des infirmiers de cinq services d'urgences avec des questions semi fermées.
Résultats :
Sur les 173 infirmiers interrogés, 132 (76.3%) ont répondu avec un sexe ratio (F/H) de 4,7. Le nombre médian d'année d'expérience était de 4,25 [interquartile 25-75, 2-10] ans.
Cent trente (98.5%) infirmiers anticipent l'administration de traitements, en majorité des antalgiques. Cent treize (85.6%) n'ont pas reçu de formation spécifique mais 106 (80.3%) estiment disposer d'un protocole adapté pour la prise en charge de la douleur dans leur service.
Cent trente (98.5%) infirmiers anticipent la prescription/réalisation de bilan sanguin. Cent dix-huit (89.3%) infirmiers n'ont pas reçu de formation spécifique mais 107 (90.7%) se sentent suffisamment informés pour le faire. Seuls 47 (35,6%) ont déclaré avoir un protocole de service adapté.
Soixante-douze (54.5%) anticipent la prescription d'imagerie en majorité de l'imagerie simple. Trente-cinq (26.5%) ont déclaré avoir un protocole adapté et 50 (37.9%) soignants se sentent suffisamment formés. Parmi les 60 infirmiers qui ne réalisent pas ces actes, 41 (68.3%) seraient intéressés pour le faire.
Vingt-cinq (18.7%) infirmiers ont déjà réalisé des sutures en majorité avec de la colle et une seule personne a reçu une formation. Il n'existe aucun protocole de service. Parmi les soignants qui n'ont jamais réalisé, 64 (59.8%) seraient intéressés pour le faire.
Les soignants estiment que la délégation de tache pourrait raccourcir la prise en charge du patient (66.6%), améliorer sa satisfaction (56.0%) et celle du professionnel (50.7%), ainsi que la qualité la prise en charge (49.2%). Cent vingt-sept (96.2%) infirmiers pensent que ces compétences nécessitent une formation nationale reconnue et une rémunération en conséquence.
Conclusion
Les soignants sont favorables à l'élargissement de leur champ de compétence même si beaucoup pratiquent déjà ces actes. Cela requiert une formation standardisée et une reconnaissance spécifique.