Evaluation de l'impact du taux de Protéine C-Réactive sur la décision d'hospitalisation des patients suspects d'infection par les médecins urgentistes.

Diffusé le 16/10/2020

hadrien tabard (1), Thomas Delomas (1)

1. urgences, centre hospitalier mémorial Saint-Lô, saint-lô, France

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Introduction : L'intérêt de la CRP aux urgences a fait l'objet de nombreuses études, mais son influence sur les décisions des médecins a peu été étudiée. L'objectif de cette étude est d'évaluer l'impact du taux de CRP sur les décisions médicales, et en particulier sur la décision d'hospitalisation.
Méthode: Il s'agit d'une étude de concordance intra-observateur, bi centrique, rétrospective, portant sur les dossiers médicaux de 110 patients admis aux urgences du CHU de Caen. Les résultats de la CRP, le diagnostic retenu, les prescriptions et le devenir des patients étaient éliminés des dossiers médicaux. Ces dossiers ont ensuite été relus par 21 médecins du CHU de Caen, puis 15 médecins du CH de Saint-Lô. L'examinateur devait se prononcer sur sa décision d'hospitaliser ou non le patient une première fois, puis prendre connaissance du résultat de la CRP avant de se prononcer une seconde fois. Deux critères secondaires étaient étudiés selon la même méthodologie : le diagnostic de pathologie infectieuse ou non, et la décision de démarrer une antibiothérapie. La concordance entre les avis était mesurée par le Kappa de Cohen.
Résultats: Pour la décision d'hospitalisation, la CRP n'a fait changer d'avis l'examinateur que dans 5.4% des cas à Saint-Lô et 3.6% des cas à Caen. Les concordances calculées étaient excellentes dans les deux centres (k=0,927 à Caen et k=0,89 à Saint-Lô).
Les relecteurs ont modifié leurs réponses dans 11% des cas dans les deux centres pour le diagnostic (k=0.77, accord fort). La prescription d'antibiotiques était modifiée dans 6.3% des cas à Caen (k=0.86, concordance excellente), et pour 10% des cas à Saint-Lô (k=0.79, accord fort). En sous-groupe les concordances les plus faibles étaient observées chez les patients atteints de maladies inflammatoires chroniques et ceux qui suivaient un traitement immunosuppresseur.
Conclusion: La CRP n'est pas un paramètre déterminant dans la décision des médecins urgentistes d'hospitaliser un patient suspect d'infection. Son impact sur le diagnostic et la prescription d'antibiotiques est également limité. Chez les patients atteints de maladies inflammatoires chroniques et/ou traités par immunosuppresseurs, l'interprétation de la CRP est difficile et son résultat ne devrait pas servir pour exclure une infection.
Tags : Etude de concordance CRP Infection Impact décisionnel Hospitalisation Service d'urgence
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