Toxicité des inhibiteurs des points de contrôle chez les patients avec un cancer aux urgences

Diffusé le 16/10/2020

Olivier Peyrony (1), Yoann Tieghem (1), Jessica Franchitti (1), Sami Ellouze (1), Rémi Flicoteaux (2), Elie Azoulay (3), Sylvie Chevret (2), Jean-Paul Fontaine (1)

1. Service des Urgences, Hôpital Saint-Louis, Paris, France
2. Service de Biostatistiques et d'Information Médicale, Hôpital Saint-Louis, Paris, France
3. Service de Médecine Intensive et Réanimation, Hôpital Saint-Louis, Paris, France

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Introduction : Les inhibiteurs des points de contrôle (IPC) sont des nouveaux traitements immunomodulateurs du cancer et exposent les patients à des effets secondaires auto-immuns (ESAI). Nous avons voulu connaître la proportion des patients cancéreux traités par IPC consultant aux urgences; rapporter leurs motifs de recours et estimer la prévalence des ESAI.
Matériel et Méthode : Quatre investigateurs ont relu les dossiers médicaux des patients cancéreux traités par IPC qui ont été admis dans un service d'urgences entre janvier 2012 et juin 2017. Les motifs de recours, la maladie cancéreuse sous-jacente, les caractéristiques de l'IPC et le diagnostic final aux urgences ont été relevés. Les investigateurs ont également noté si l'urgentiste en charge du patient avait identifié que le patient avait reçu préalablement un IPC et s'il avait discuté un éventuel ESAI. Le gold standard pour attribuer les symptômes du patient à la survenue d'un ESAI lié aux IPC était l'avis de l'oncologue référent selon le dossier médical post-urgence.
Résultats : Parmi les 409 patients traités par IPC dans notre hôpital, 139 ont été admis aux urgences. Ce nombre augmentait chaque année. Les motifs de recours principaux étaient une fatigue (25.2%), une fièvre (23%), des vomissements (13.7%), une diarrhée (13.7%), une dyspnée (12.2%), une douleur abdominale (11.5%), une confusion (8.6%) et des céphalées (7.9%). Les symptômes étaient dus à un ESAI dans 20 (14.4%) cas dont les plus fréquents étaient les colites (40%), les toxicités endocriniennes (30%), hépatiques (25%) ou pulmonaires (5%). Les patients avec des ESAI avaient plus fréquemment des mélanomes, avaient reçu plus de lignes, plus de cycles, plus de molécules d'IPC et avaient reçu la dernière perfusion d'IPC plus récemment que les patients sans ESAI. Les urgentistes avaient discuté un éventuel ESAI dans 24 (17.3%) cas et posé le diagnostic d'ESAI chez la moitié des patients (10) pour lesquels l'ESAI avait été confirmé par l'oncologue référent. Le plus souvent, les urgentistes n'évoquaient pas les ESAI quand l'avis de l'oncologue référent n'était pas demandé ou quand les patients avaient des symptômes respiratoires, une altération de l'état général ou de la fièvre.
Conclusions : Un tiers des patients sous IPC consultent aux urgences. Les urgentistes se doivent d'identifier ces nouveaux traitements afin d'évoquer une éventuelle toxicité chez les patients se présentant aux urgences avec des symptômes compatibles avec un ESAI.
Tags : inhibiteurs des points de contrôle immunothérapie checkpoint cancer urgences
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