Modélisation du risque de résistance aux fluoroquinolones dans les pyélonéphrites communautaires non graves: un outil potentiel pour guider l'antibiothérapie aux urgences

Diffusé le 16/10/2020

Nicolas GENTET (1), Antoine LEFORESTIER (2), François JAVAUDIN (1, 3), Quentin LE BASTARD (1, 3), Emmanuel MONTASSIER (1, 4), Eric BATARD (1, 4)

1. Urgences, CHU de Nantes, Nantes, France
2. Urgences, CHD Vendée, La Roche sur Yon, France
3. EE1701 Microbiotes Hôtes Antibiotiques et Résistances bactériennes, Université de Nantes, Nantes, France
4. EE1701 Microbiotes Hôtes Antibiotiques et Résistances bactériennes (MiHAR), Université de Nantes, Nantes, France

Attention, ce média a plus de 5 ans.


Introduction: Selon les recommandations internationales, le traitement des pyélonéphrites communautaires (PNAc) non graves repose sur une fluoroquinolone (FQ) dans les communautés où la résistance aux FQ ne dépasse pas 10%, et sur une céphalosporine de 3ème génération injectable (C3Gi) dans les autres. Les FQ orales confèrent un meilleur confort de traitement que les C3Gi et un moindre risque écologique. Une estimation individuelle du risque de résistance aux FQ permettrait de favoriser l'usage des FQ et de limiter celui des C3Gi. Notre objectif était de modéliser le risque de résistance aux FQ en cas de PNAc non grave de la femme.
Matériel et méthode: Etude prospective de femmes adultes traitées dans 4 services d'urgences de deux départements, pour une PNAc non grave (sans sepsis, choc septique ni obstacle sur les voies urinaires). Trente-trois facteurs de risque (FDR) potentiels de résistance aux FQ ont été recherchés par régression logistique multivariée avec calcul des Odds-Ratio ajustés (ORa [intervalle de confiance à 95%]) et prédiction du risque de résistance aux FQ.
Résultats : Parmi 190 patientes, 19 (10%) étaient infectées par une bactérie résistante aux FQ (3% dans le département 1 et 17% dans le département 2). Parmi 132 patientes traitées par antibiotique aux urgences, 82 patientes (62%) ont reçu une C3Gi. Les FDR de résistance aux FQ étaient le département (ORa, 7.0 [2.2-31.9]), et dans les 6 derniers mois, une sonde vésicale (ORa, 4.7 [0.5-33.3]) et une infection urinaire (ORa, 3.9 [1.3-11.5]). Un modèle spécifique a été mis au point pour prédire le risque de résistance dans le département 2: les variables explicatives de la résistance aux FQ étaient la vie en institution (aOR, 3.3 [0.7-13.5]) et dans les 6 mois précédents, une infection urinaire (aOR, 3.1 [0.9-10.7]) et des soins infirmiers à domicile (aOR, 3.4 [0.6-17.0]). Pour 63 (67%) patients du département 2, ce modèle prédisait une probabilité de résistance aux FQ de 0.10 ; parmi ces patients, 6 (10%) avaient effectivement une bactérie résistante aux FQ.
Discussion: Les critères recommandés nationalement pour prescrire une C3Gi plutôt qu'une FQ n'étaient pas des FDR de résistance aux FQ dans cette série.
Conclusion : Le risque individuel de résistance aux FQ peut être estimé à partir de données accessibles aux urgences. La modélisation de ce risque pourrait guider l'antibiothérapie des PNAc non graves aux urgences, et aider à limiter l'usage des C3Gi.
Tags : antibiotique pyélonéphrite infection
Voir les médias du dossier/événement : Urgences 2020
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.