Evaluation de l'antibiothérapie administrée chez les patients en sepsis et en choc septique aux urgences du centre hospitalier de Calais

Introduction
Les infections sévères généralisées (sepsis et chocs septiques) sont une pathologie fréquente et grave. Leur prise en charge repose sur l'association d'un traitement symptomatique et étiologique tel qu'une antibiothérapie en urgence. L'objectif principal de cette étude était d'évaluer l'adéquation de l'antibiothérapie administrée chez les patients en sepsis et en choc septique dans notre service d'urgence.
Méthode
Etude rétrospective, observationnelle, et descriptive, sous forme d'une évaluation des pratiques professionnelles. Ont été inclus tous les patients de plus de 18 ans, en sepsis, admis aux urgences entre le 01/07/15 et le 30/06/18, et ayant reçu une antibiothérapie. Le critère d'évaluation principal concernait les caractéristiques d'une antibiothérapie jugée adéquate, respectant pour cela 4 critères (délai d'administration > 3h, posologie maximale, bi-antibiothérapie, molécules adaptées au point d'appel infectieux suspecté et au terrain).
Résultats
393 patients en sepsis ont été analysés. 59 patients (15%) ont reçu une antibiothérapie jugée adéquate. Le délai a été respecté pour 178 patients (45,5%), la bi-aentibiothérapie pour 248 patients (63,1%), la posologie pour 153 patients (39%) et les molécules adaptées pour 142 patients (36,1%). L'antibiotique administré aux urgences était efficace sur les germes retrouvés a posteriori dans 84,4% des cas. La mortalité globale de notre population était de 30,0%. Chaque point ajouté au score SOFA augmentait le risque de décès à J28 de 24% (HR : 1.244, IC 95% : 1.173 - 1.319, p>0,001). Le taux de survie à J28 dans le groupe de patients ayant reçu une antibiothérapie adéquate était de 81,0%, contre 68,7% pour les autres. Les patients ayant reçu une antibiothérapie adaptée avaient un score SOFA (p=0,036) et un score quickSOFA (p>0,001) plus élevé, un plus grand volume de remplissage vasculaire administré (p=0,010) et dans des délais plus brefs (p>0,001), un avis demandé auprès des réanimateurs (p=0,010) et une orientation vers un service de médecine intensive (p=0,014) plus fréquents.
Discussion
Seuls 15% des patients de notre étude ont bénéficié d'une antibiothérapie jugée adéquate. Différents facteurs peuvent l'expliquer : formation insuffisante des urgentistes à l'antibiothérapie, défaut de reconnaissance de la pathologie.
Conclusion
L'antibiothérapie est un aspect de la prise en charge du sepsis sur lequel des progrès restent à faire. Dans ce cadre plusieurs pistes d'amélioration sont à envisager.