Urétrite aigüe: évaluation de la concordance entre recommandations et pratique clinique.

Introduction: Évaluer la concordance entre les recommandations françaises et la pratique clinique courante aux urgences lors de la prise en charge des urétrites aigues.
Matériel et méthodes: Tous les patients consultants aux urgences d'un hôpital universitaire pour une urétrite aigue entre août 2007 et octobre 2018 ont été inclus dans une analyse rétrospective à l'aide des dossiers informatisés.
Résultats: Un total de cent quatorze patients ont été inclus. 96% des cas étaient des hommes. Trente (26%) patients avaient au moins un antécédent d'urétrite aigue et quatre (4%) patients avaient un statut VIH positif. Une antibiothérapie a été prescrite dans 94% des cas, une monothérapie chez six (5%) patients, une bi-antibiothérapie chez quatre-vingt-dix-huit (86%) patients, une tri-antibiothérapie chez trois (3%) patients. Des antibiotiques non recommandés ont été prescrits chez douze (11%) patients. La recherche d'autres IST a été effectuée chez quatre- vingt-sept (76%) patients, une consultation de suivi a été recommandée pour quarante (35%) patients et la prise en charge du (des) partenaires a été suggérée à vingt-deux (19%) patients. La comparaison avec les recommandations françaises a montré un taux de corrélation de 27% et ce taux est seulement de 11% en incluant le suivi.
Discussion: 77% des patients ont reçu une bi-antibiothérapie recommandée par la HAS 2015 mais dans 27% des cas seulement les antibiotiques ont été prescrits en respectant les recommandations. Ces résultats sont supérieurs au 20% mis en évidence par une enquête nationale descriptive observationnelle transversale menée par A. Gallay, visant à évaluer les pratiques des médecins généralistes du réseau Sentinelles de l'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (Inserm) pour la prise en charge probabiliste des urétrites masculines non compliquées.
Conclusion: Les recommandations sur la prise en charge des urétrites non compliquées aux urgences n'étaient pas respectées. L'antibiothérapie utilisée n'était pas toujours en adéquation avec les recommandations en vigueur. Le dépistage des autres IST, le suivi et le traitement des partenaires étaient rarement effectués. La mise en place d'un protocole, afin de ne pas perpétuer ces inadéquations de prescription d'antibiothérapie ainsi qu'une filière de soin pour assurer un meilleur suivi pourrait améliorer la prise en charge de ces patients.