Intubation oro-tracheale dans un système SMUR composé de médecins en formation supervisé·e·s par des spécialistes - cohorte retrospective de 11 ans.

Introduction : En médecine d'urgence préhospitalière, l'intubation oro-otrachéale (IOT) est parfois nécessaire pour sécuriser les voies aériennes. L'IOT d'urgence sur le terrain peut cependant se révéler complexe et difficile, avec un taux de succès qui varie fortement notamment en fonction du profil (expérience, formation) de l'opérateur (> 97% pour des médecins spécialistes seniors). Le but de cette étude était d'évaluer le taux de succès lors d'IOT dans un service mobile d'urgence et de réanimation (SMUR) comportant deux niveaux de compétences médicale. Le premier niveau est composé d'un médecin en cours de formation, en médecine interne ou en anesthésie. Le second niveau, qui permet une supervision, est assuré par un médecin cadre spécialisé en médecine d'urgence préhospitalière disponible sur appel ou engagé primairement selon les situations.
Matériel et Méthode : Il s'agit d'une étude rétrospective, conduite sur des données extraites de la base de données institutionnelle. Tous les patients pris en charge par le SMUR entre 2008 et 2018 et pour lesquels une IOT a été tentée ont été inclus. L'issue primaire était le taux de succès lors d'une tentative d'IOT. Les issues secondaires étaient le nombre de tentatives, le taux de succès à la 1ère tentative et le taux d'IOT réalisée par les superviseurs.
Résultats : Au total, 3'275 patients ont été inclus. Le taux de succès global d'IOT était de 97%, avec 74% de succès au 1er essai, plus faible dans les cas d'arrêt cardiaque que dans les autres cas (72% vs 78%, p > 0.001). Les médecins internes étaient supervisés dans 36% des cas, mais l'IOT n'était effectuée par les superviseurs que dans 42% de ces situations.
Discussion : Cette étude suggère qu'un SMUR composé d'un médecin en formation avec une supervision au besoin permet d'atteindre un taux de réussite d'IOT similaire aux systèmes composés uniquement de médecins spécialistes. L'emploi d'un tel système dans des zones disposant d'un nombre insuffisant de médecins spécialistes pourrait potentiellement aider à pallier ce manque. Dans des centres universitaires, ce système pourrait favoriser le développement de l'autonomie des médecins en formation tout en permettant de conserver un haut degré de compétence grâce au renfort proposé.
Conclusion : Cette étude démontre qu'un SMUR composé d'un interne non spécialisé avec une supervision disponible atteint un taux de succès d'IOT similaire à ceux rapportés dans des systèmes composés uniquement de spécialistes.