Etude rétrospective sur la prise en charge des fractures de l'extrémité supérieure du fémur aux urgences

Introduction: Les fractures de l'extrémité supérieure du fémur (FESF) voient leur incidence augmenter et surviennent principalement chez des sujets âgés et fragiles. Cette étude avait pour objectif principal d'évaluer la prise en charge globale et d'étudier l'antalgie des patients présentant une FESF aux urgences.
Matériels et Méthodes: Nous avons réalisé une étude observationnelle, monocentrique et rétrospective chez les patients ayant présenté une FESF aux urgences d'un CHU français au cours de l'année 2016. Au total, 406 patients ont été inclus pour analyse statistique. Nous avons recueilli l'ensemble des antalgiques prescrit au cours du séjour aux urgences. Nous avons également colligé les évaluations de la douleur en se basant sur les scores EVA. Enfin, nous avons étudié le délai passé aux urgences et la morbi-mortalité intra-hospitalière au cours de l'hospitalisation.
Résultats: Un antalgique de palier I a été prescrit en première intention pour 81% (n=329) des patients. Un palier III était prescrit pour 14,5% (IC95%: [11,1-18,5], n=54) des patients. Nous n'avons pas retrouvé de différence de prescription des trois paliers d'antalgie en fonction de l'âge, de la présence de trouble cognitif ou de l'autonomie préexistante du patient. L'évaluation de la douleur était absente pour 14,8% des patients (n=60) et celle-ci était moins bien renseignée pour les patients confus (p=0,002) ou déments (p=0,001). Le délai médian de séjour aux urgences a été de 305,5 minutes (Q1,Q3:[235,5-380]). Nous n'avons pas mis en évidence de différence de temps de prise en charge selon l'âge du patient (p=0,6), ni selon l'affluence journalière aux urgences (p=0,46). La mortalité intra-hospitalière était de 2,5% (n=10) et n'était pas influencée par la durée de séjour aux urgences.
Conclusion: Nous avons mis en évidence une sous-analgésie globale des patients présentant une FESF aux urgences, indépendamment de leurs caractéristiques cliniques, avec une prescription importante des paliers I d'antalgie et une utilisation marginale des paliers III. La durée de séjour aux urgences était comparable aux données de la littérature et ne semblait pas être influencée par l'affluence quotidienne. Pour répondre aux problématiques rencontrées, une formation à la douleur des équipes de soins ainsi que la mise en place d'une filière dédiée pourraient être envisagées.