Risque relatif, augmentation absolue du risque, réduction absolue du risque

M. El Khebir
m.elkhebir@ch-beauvais.fr

Comprendre et interpreter les résultats des essais thérapeutiques.

 

Les résultats des essais thérapeutiques font appel à différentes expressions, telles que :

réduction du risque relatif, réduction du risque absolu, nombre de sujet à traiter, odds ratio (ces 2 dernières notions sont traitées à part).

Bien comprendre la signification de chacune de ces expressions permet d'évaluer à sa juste valeur les résultats et le bénéfice du traitement pour les patients.

Définitions.

Dans une étude d'intervention (essai randomisé controlé le plus souvent), on cherche à mesurer l'efficacité d'une intervention sur un résultat (guérison, disparition d'un symptome, etc.). On calcule la probabilité (ou risque) de survenu de ce résultat dans le groupe intervention et dans le groupe contrôle.

 

Résultats

 

Favorable

Défavorable

 

Groupe intervention

           a                       b

a + b

Groupe controle

           c                       d

c + d

Risque dans le groupe intervention : Ri= a/a+b

Risque dans le groupe contrôle : Rc= c/c+d

Le risque relatif (RR) est le rapport du risque de survenue du critère de jugement dans le groupe intervention (Ri) sur le risque de survenue de même critère dans le groupe contrôle (Rc). RR=(a/a+b)/(c/c+d)=Ri/Rc.

Dans une étude d'intervention, le risque relatif est une estimation de la probabilité que le résultat dans le groupe intervention soit autant de fois supérieur (RR >1) ou inférieur (RR <1) à celui observé dans le groupe contrôle.

La différence de risque : c'est la différence entre le risque dans le groupe intervention et le risque dans le groupe contrôle : Ri – Rc.

Si le risque diminue, cette différence est apelée réduction absolue du risque (RAR), si le risque augmente, c'est l'augmentation absolue du risque (AAR).

La réduction relative du risque : c'est la difference de risque (Ri – Rc) rapporté au risque dans le groupe contrôle (Rc) : (Ri-Rc)/Rc. Cette mesure indique la réduction proportionelle du risque d'un évenement défavorable due à l'intervention.On peut aussi la calculer par la formule suivante : RRR(%) = (1- RR) x 100

 Voici les résultats d'un essai randomisé controlé comparant la sclérothérapie sous endoscopie à la ligature sous endoscopie des hémorragies de varices oesophagiennes  :

 

Résultats

 

Décès

Guérisons

Total

Ligature

18

46

64

Sclérothérapie

29

36

65


Dans cet exemple, on cherche à mesurer la différence du nombre de décès entre les 2 groupes.

Nous pouvons exprimer les résultats sous ces différentes formules :

Ri= 18/64=0,281

Rc=29/64=0,446

le risque relatif (RR) de décès entre les deux interventions : (18/64)/(29/65)= 0,63.

La ligature diminue le risque de décès par rapport à la sclérothérapie (RR < 1)

La réduction du risque relatif (RRR): (Ri-Rc)/ Rc = 0,37. On l'exprime en pourcentage : 37 %.

Un exemple de mauvaise interpretation du risque relatif.

En octobre 1995, l’Agence de sécurité sanitaire du Royaume-Uni émit un avis selon lequel les pilules contraceptives de troisième génération doublaient le risque de maladie thrombo-embolique potentiellement mortelle; ce risque augmentait donc de 100 pour cent. Cette information fut transmise par courriers personnels à 190 000 médecins généralistes, pharmaciens et directeurs de services médicaux, et sous forme de messages d’alerte dans les médias. La nouvelle provoqua une grande anxiété dans le pays, et beaucoup de femmes cessèrent de prendre la pilule. Si bien qu’au cours de l’année suivante, on dénombra 13 000 avortements supplémentaires en Angleterre et au pays de Galles. Quelque 800 jeunes filles de moins de 16 ans eurent un enfant. C’était ignorer que les avortements et les grossesses augmentent le risque de thrombose dans des proportions bien supérieures à celle annoncée comme étant liée à la prise d’une pilule contraceptive de troisième génération. Une telle panique aurait pu être évitée si l’information avait été donnée plus simplement. En réalité, les données montraient qu’environ une femme sur 7 000 prenant une pilule de deuxième génération avait une thrombose ; ce chiffre passait donc à 2 pour 7 000 chez les femmes prenant une pilule de troisième génération. Autrement dit, l’augmentation du risque absolu n’était que de 1 pour 7 000, alors que l’augmentation du risque relatif était, effectivement, de 100 pour cent. Les risques absolus sont typiquement de petits nombres, tandis que les changements correspondants du risque relatif tendent à être élevés – particulièrement quand la valeur absolue est faible.

Risque relatif et risque de base.

Supposons qu'un traitement réduise d'1/3 la survenue d'un évenement indésirable (décès, agravation, etc.), soit une RRR de 33 % ou un RR de 0,67.
Considérons 3 populations chez lesquelles ce traitement va être appliqué :

la population 1 a un risque de base de 30 % : le traitement abaisse ce risque à 20 % (30%-20%, soit une RAR:10%)
la population 2 a un risque de base de 10 % : le traitement abaisse ce risque à 6,7 % (10%-6.7%,RAR:3,3%)
la population 3 a un risque de base 1 % : le traitement abaisse ce risque à 0,67 %… (1-0,67%,RAR :0,33%)

Si ce traitement comporte des effets secondaires graves survenant chez 10 % des patients, il serait illicite de le proposer chez les patients du 3 ème groupe, chez lesquels les effets délètères supplanteraient les effets bénéfiques. Chez ceux du 2 ème groupe, il faudra bien peser les bénéfices et les risques du traitement.

Stiegmann GV, Goff JS, Michaletz-Onody PA, Korula J, Lieberman D, Saeed ZA, et al. Endoscopic sclerotherapy as compared with endoscopic ligation for bleeding esophageal varices. N Engl J Med. 4 juin 1992;326(23):1527‑32.

. Gigerenzer G. Making sense of health statistics. Bull World Health Organ. août 2009;87(8):567.

 

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